Noël approche et très certainement les enfants ont pour la plupart fait part de leurs exigences en matière de jouets et autres gadgets inutiles au Père-Noël. Parmi ces jouets, combien ont demandé leur mannequin-guerrier au faciès haineux, muscles démesurés avec mitrailleuses et armes blanches disproportionnées en plastique ? Combien d'adultes ont accepté d'offrir à leurs enfants, neveux et autres petits enfants un beauf de combat préparant ainsi psychologiquement les futures générations à la prochaine guerre mondiale ? Il faut bien que les gamins s'amusent répondraient certains et ce ne sont que des joujoux inoffensifs qui n'engagent à rien. Le pensez-vous vraiment ?
Si oui, je ne saurai trop vous conseiller de regarder le film méconnu de Joe Dante, Small soldiers. Joe Dante est surtout connu pour Gremlins, vous savez ce film de 1984 mettant en scène des bestioles qui saccagent une petite ville américaine une nuit de décembre à l'approche des fêtes de fin d'année. Avec Small soldiers, il reprend un peu le concept des créatures qui viennent perturber le quotidien d'un quartier mais cette fois, c'est avec des jouets qui s'animent sous l'impulsion d'une puce électronique destinée à l'origine à un usage militaire. D'un côté, nous avons les Commandos, caricature de militaires décérébrés et de l'autre les Gorgonites, créatures imaginaires pacifiques. Les premiers se mettent dans la tête que leur but dans la vie est d'exterminer les seconds. La maison du jeune Alan et de ses parents ainsi que celle des parents de Christy (Kirsten Dunst) vont être le théâtre de leur affrontement.
L'accueil du film à sa sortie en 1998 va être assez mitigé et ce ne sera pas un grand succès. Small soldiers est pourtant un film rempli d'une ironie mordante vraiment drôle dont la première pourrait se résumer ainsi : "Vous offrez à vos gamins des jouets flattant les plus bas instincts, regardez ce qu'il se passe s'ils étaient réellement animés". Jetant leur inoffensif attirail plastifié, les commandos vont préférer ciseaux, tournevis, pistolets à clous, tronçonneuses et autres outils contondants avec lesquels ils vont blesser les humains ou équiper des maquettes télécommandées pour les attaquer. Ils iront même jusqu'à donner vie à des ersatz de poupées Barbie inoffensives pour en faire des bimbos vulgaires et agressives.
Mais l'ironie du propos ne s'arrête pas là. Ainsi, comment ne pas la voir dans le fait qu'une société de production de jouets et une autre de production d'armes appartiennent au même groupe dont le dirigeant n'est qu'un cynique sans scrupule qui achète le silence des représentants de la classe moyenne par le versement de chèques sans compter pour réparer les dégâts causés par les produits de ses propres usines ? Comment ne pas la voir non plus dans le fait que face à l'assaut des jouets, c'est le papa pacifique qui livrera combat tandis que celui fasciné par les images de guerre ( et qui lance à sa femme complètement dominée que sa guerre préférée est la seconde guerre mondiale) ira se cacher au fond d'un placard.
Small soldiers est aussi rempli de références cinématographiques qu'il détourne de façon amusante. On s'amuse de voir des clins d'oeil à Patton, Apocalypse Now, Mad Max 2 et même The bride of Frankenstein et The A-Team.
Le film mérite une réhabilitation tant ses qualités sont évidentes et son côté gentiment subversif vraiment drôle.
Le film mérite une réhabilitation tant ses qualités sont évidentes et son côté gentiment subversif vraiment drôle.
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