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Vertige (2011) - Franck Thilliez

J'ai découvert Franck Thilliez il y a quelques années avec La chambre des morts, polar que j'avais apprécié lire. Plus tard, j'ai lu Train d'enfer pour ange rouge, thriller plutôt bien construit qui plonge le lecteur dans un univers qui se montre de plus en plus effrayant. J'ai achevé la lecture de Vertige récemment, son avant dernier livre qui me fait dire que l'auteur s'est amélioré entre ses premières œuvres et celle-ci ; Avec toujours ce goût pour les descriptions de scènes et situations morbides.

Jonathan Touvier se réveille au fond d'une grotte glacée. Il est attaché au poignet par une chaîne qui restreint considérablement son champs de déplacement. Il y a son chien aussi, endormi et qui ne tardera pas à sortir du sommeil dans lequel il a été plongé. Deux autres hommes aussi se réveillent dans le même lieu : Farid, qui lui est enchaîné à la cheville et Michel, libre de ses mouvements mais qui a un masque de fer fixé autour de la tête. Par une lettre déposée au sol, ils apprennent que si Michel s'éloigne trop de ses compagnons de grotte, son casque explosera. En outre, elle les informe que "Personne ne sait où vous vous trouvez, sauf moi, mais je ne pense pas vous être d'un secours quelconque, là où je suis. Et croyez-moi, on ne vous retrouvera jamais. Comprenez bien que vous allez tous mourir. Le tout est de savoir combien de temps vous tiendrez. Et pourquoi." Une tente a été montée au milieu de la grotte avec quelques objets qui vont leur permettre de survivre quelques jours, au mieux. Il y a également un pistolet avec une balle et un appareil photo Polaroid. Chacun de ces hommes a un message dans le dos : "Qui sera le voleur ?", "Qui sera le menteur ?", "Qui sera le tueur ?". Ils ne se connaissent pas, rien  ne les relie entre eux, du moins le pensent-ils...

Impossible de ne pas penser à la série de films Saw où un tueur en série enferme ses victimes dans des lieux abandonnés en leur laissant quelques indices pour s'en sortir mais toujours au prix de sacrifices difficiles à assumer. J'aime bien ce genre d'intrigues tordues. Que ce soit une œuvre filmée ou écrite, pour peu qu'elle soit racontée avec un minimum de savoir-faire et d'intelligence, je peux marcher à fond et me creuser la tête pour essayer de trouver les raisons du point de départ avant qu'il ne soit révélé. 

Dans le cas de Vertige, les tenants et aboutissants de l'histoire sont suffisamment variés pour ne pas deviner à l'avance tout l'ensemble. Je n'ai pas vu venir certains points, j'en ai supposé d'autres qui se sont révélés exacts ou non. J'ai toujours une crainte avec ces histoires où le suspense est le moteur principal de la narration, c'est d'être déçu par les raisons qui ont amené les situations dans lesquelles nous plonge l'auteur. La révélation finale de Vertige, celle qui dévoile le fin mot de l'histoire, m'a dans un premier temps laissé perplexe. Je ne comprenais pas où Franck Thilliez voulait en venir. J'ai donc fait quelques recherches sur internet.

ATTENTION SPOILERS

A la fin du livre, tout est fait pour penser que Jonathan est schizophrène. C'est le genre de fin que je n'aime pas et qui me donne toujours l'impression d'avoir été roulé par un roublard. Cependant, après être sorti de 7 années passées en psychiatrie, Jonathan trouve une photographie déposée dans son véhicule qui avait été prise pendant son enfermement dans la grotte et qui prouverait donc qu'il n'était pas fou. Seulement, certains estiment que ce qu'il voit sur cette photographie ne correspond pas exactement à la description du moment où elle a été prise. Ainsi, alors que Jonathan pense détenir la preuve qu'il n'était pas fou, le doute est quand même permis ; Et il serait toujours prisonnier de sa folie puisque, dans ce cas, la photographie ne peut pas exister. 

Après vérification, je trouve que la photographie et l'instant où elle est prise correspondent. Ainsi, en ce qui me concerne, Jonathan n'est pas fou. Après réflexion, je me dis que ma conclusion est certainement la pire qui puisse être faite dans la mesure où elle signifie que l'enfermement dans la grotte est donc la volonté d'une personne qui a mené à terme une vengeance construite, pensée et issue de son esprit incroyablement machiavélique (ceux qui ont lu le livre doivent me comprendre, pas ceux qui ne l'ont pas lu mais vous ne devriez pas parcourir ces lignes, j'ai prévenu qu'il y avait des spoilers). D'un autre côté, mon interprétation me permet aussi d'estimer de ne pas m'être fait rouler, ce qui me flatte.

Ainsi, avec cette fin permettant de conclure à deux interprétations différentes aussi valables et acceptables l'une comme l'autre, Franck Thilliez permet d'illustrer l'idée que l'interprétation, et donc le fond d'une histoire, peuvent dépendre de la sensibilité du lecteur et finalement, entretenir le doute dans l'esprit de tous. Avec Vertige, il y a ceux qui pensent que Jonathan est fou et ceux qui pensent qu'il ne l'est pas sans que personne ne puisse affirmer qu'il a entièrement raison.

FIN SPOILERS

Quel que soit ce que l'on en conclut, Vertige est un thriller intense, une plongée dans l'horreur et qui ne lâche pas son lecteur jusqu'au dernier mot.

Commentaires

  1. Je viens de terminer ce thriller est suis assez déçu du manque de rythme, de la longueur de certaines scènes pas forcément utiles dans le déroulement des évènements, et surtout cette fin qui pour moi casse tous mes espoirs, bien trop facile de finir comme cela, comprenne qui peut et surtout faites votre fin à vous...

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  2. Bonjour,
    Non, la photo n'est pas identique. Sur l'originale (si elle existe), Jonathan tend la main devant l'objectif, Farid mange un quartier d'orange. Dans la dernière phrase, c'est le contraire, Farid tend la main devant l'objectif et Jonathan mange un quartier d'orange. Le doute n'est pas permis. On est dans la folie.

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