Accéder au contenu principal

Never say never again (1983) - Irvin Kershner


Parce que non produit par EON, souvent, trop souvent, je lis que Never say never again est un James Bond non officiel. Je ne reviendrai pas ici sur les raisons juridiques qui ont permis la mise en chantier d'une nouvelle adaptation de Thunderball, il y a suffisamment de sites qui en causent, mais le qualifier de non officiel est absurde. Kevin McClory avait parfaitement les droits pour produire une nouvelle version du neuvième livre de Ian Fleming narrant les aventures de son héros. Le film n'a pas été réalisé sous le manteau, il est sorti en toute légalité à travers le monde et Sean Connery interprète bien James Bond, plus de dix ans après avoir quitté le rôle avec Diamonds are forever. Les seuls éléments manquants sont ceux déposés par EON pour ses films, comme le gun logo par exemple.

Cela dit, Never say never again est-il bon ? Est-ce un bon James Bond ?

Le problème est que le film n'évite pas la comparaison avec Thunderball sorti en 1965 et qui fait partie des meilleurs James Bond (de mon point de vue, il s'agissait de mon préféré avant la découverte Skyfall) et Thunderball lui est inévitablement supérieur. On ne peut pas non plus s'empêcher de comparer le film de Irvin Kerschner avec Octopussy, le James Bond de EON réalisé par John Glen et sorti la même année peu de temps avant ; et il faut bien reconnaître que Octopussy, malgré ses défauts, est également meilleur. Fatalement.

"I hope we're gonna have some gratuitous sex and violence" espère l'armurier. En réalité... pas vraiment. Sean Connery se contente de suivre l'interprétation de l'agent secret qu'a imposé Roger Moore depuis Live and let die, à savoir celle d'un espion décontracté à l'ironie facile. L'affiche du film avec ce Sean Connery souriant annonçait déjà la couleur. D'ailleurs, si M envoie James Bond dans une clinique de remise en forme en début de film, ce n'est pas parce qu'il est dépressif et alcoolique (il s'agit là des raisons développées dans le roman) mais parce qu'il mène le train de vie d'un bon vivant et forcément, ses aptitudes en entraînement en pâtissent. A noter que Thunderball n'avait pas non plus osé mettre en scène la dépression de 007 pour l'envoyer se refaire une santé.

Pour des questions de droit, l'intrigue ne pouvant s'éloigner de celle d'origine, c'est à nouveau une histoire de vol d'ogives nucléaires par SPECTRE qui est développée. Le film est cependant incapable de créer un véritable suspens à ce sujet et finit par enchaîner platement les scènes sans grande imagination ni originalité. Si Michel Legrand avait au moins réussi à créer une bande originale solide soutenant l'ensemble, tout cela aurait pu permettre au spectateur de se sentir dans l'ambiance mais il est incapable de composer un thème trépidant. Ses compositions sont même parfois agaçantes.

Le retour de Sean Connery dans le rôle qui l'a rendu célèbre est une déception.

Never say never again... ni fait ni à faire.

Bien qu'il ne fasse pas partie du coffret BOND 50, le blu-ray offre une belle image, peut-être moins éclatante que celles des films dudit coffret.

Commentaires

  1. Il faut, je pense, apporter une précision. EON ne manque jamais de rappeler qu'Octopussy a réuni plus de spectateurs que Jamais plus jamais. Ils oublient de dire que, selon toute vraisemblance, les spectateurs des deux films sont en grande partie (et peut-être totalement) les mêmes. Si l'on garde cela à l'esprit, les choses se nuancent. Comme vous le savez, la logique du chiffre brut n'a aucun intérêt si elle n'est pas pondérée.

    RépondreSupprimer
  2. J'avais l'intention de le mentionner mais je n'ai finalement pas souhaité entrer dans le jeu de la quantité des spectateurs, cela intéresse surtout les producteurs. Cela dit, vous avez raison, beaucoup de spectateurs sont certainement les mêmes, les deux films visant le même public.

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Vertige (2011) - Franck Thilliez

J'ai découvert Franck Thilliez  il y a quelques années avec La chambre des morts , polar que j'avais apprécié lire. Plus tard, j'ai lu Train d'enfer pour ange rouge , thriller plutôt bien construit qui plonge le lecteur dans un univers qui se montre de plus en plus effrayant. J'ai achevé la lecture de  Vertige  récemment, son avant dernier livre qui me fait dire que l'auteur s'est amélioré entre ses premières œuvres et celle-ci ; Avec toujours ce goût pour les descriptions de scènes et situations morbides. Jonathan Touvier se réveille au fond d'une grotte glacée. Il est attaché au poignet par une chaîne qui restreint considérablement son champs de déplacement. Il y a son chien aussi, endormi et qui ne tardera pas à sortir du sommeil dans lequel il a été plongé. Deux autres hommes aussi se réveillent dans le même lieu : Farid, qui lui est enchaîné à la cheville et Michel, libre de ses mouvements mais qui a un masque de fer fixé autour de la tête. P

Licence to kill (1989) - John Glen

Licence to kill est le premier James Bond que j'ai vu au cinéma. A l'époque, j'avais été un peu déçu, le canevas scénaristique étant similaire à de nombreuses productions cinématographiques des années quatre-vingts, à savoir une histoire de vengeance sur fond de trafic de drogue. Depuis, je l'ai revu à la hausse. En effet, bien qu'il s'agisse pour la première fois d'un titre non issu des écrits de Ian Fleming, il me semble plutôt fidèle à l'esprit du créateur de James Bond. Il s'inspire d'ailleurs d'éléments qui avaient été ignorés dans les précédentes adaptations, en premier lieu la mutilation de Felix Leiter ( David Hedison ), jeté dans la mâchoire d'un requin, événement dramatique qui intervient dans le roman Live and let die mais entièrement ignoré dans sa pitoyable adaptation de 1973 . Dans Licence to kill , Leiter est jeté au requin alors qu'il vient tout juste de se marier. Parallèlement, Della, son épouse, sera t

Bad taste (1987) - Peter Jackson

" Un film de Peter Jackson le réalisateur du Seigneur des anneaux ", voilà ce qu'on peut lire sur la boite du DVD sorti en 2006 de Bad taste . Si Peter Jackson est bien le réalisateur des deux films, je n'ai pu que m'amuser devant l'affirmation opportuniste insérée ici car les deux longs métrages n'ont rien en commun si ce n'est, effectivement, d'avoir le même metteur en scène. Quelques années auparavant, la trilogie The lord of the rings avait fait un carton en salle, et visiblement, le distributeur de Bad taste entendait en profiter pour vendre quelques galettes. Personnellement, j'étais ravi de voir le premier film de Peter Jackson en DVD car depuis sa sortie dans les années quatre vingts, j'admire son thème parfaitement idiot, sa mise en scène outrancière, son humour potache et cradingue, ses délires gores, et tout cela fait dans un total amateurisme avec une bande de copains. Des extraterrestres carnivores ont décimé