Il y a quelques semaines à l'occasion de la sortie de "Fright Night", j'écrivais un article à propos du film éponyme original plus connu en France sous le titre Vampire... Vous avez dit vampire?. J'en profitais alors pour énumérer quelques films d'horreur célèbres qui avaient été remakés en demandant s'il y avait une logique autre que celle de l'argent dans la production de nouvelles versions d'anciens films américains.
Hollywood n'a pas le monopole des remakes. On en produit auusi en France. Parmi les films qui ont connu d'autres versions, on peut par exemple citer Fanfan la tulipe, Le Schpountz ou encore La cage aux rossignols dont le gros succès Les choristes de Christophe Barratier en est le remake. Et ce dernier semble prendre goût à la mise en scène de remakes puisqu'il signe La nouvelle guerre des boutons qui sort ce mois-ci. A la limite, pourquoi pas ? Je prends toujours le parti de ne pas avoir d'à priori positif ou négatif quel que soit le film. Le problème, c'est que sort dans le même mois un autre remake titré tout simplement La guerre des boutons réalisé cette fois par Yann Samuell. Cette situation aberrante est d'abord due au fait que le roman d'origine écrit par Louis Pergaud et publié en 1912 est tombé dans le domaine public l'année dernière. Ainsi, pour être tout à fait honnête, il s'agit plus de nouvelles adaptations que de remakes à proprement parler.
Côté casting, les deux films semblent avoir de bons atouts. Yann Samuell a bénéficié de Mathilde Seigner, Fred Testot et Alain Chabat tandis que Lætitia Casta, Guillaume Canet, Kad Merad, Gérard Jugnot et François Morel ont joué pour Christophe Barratier. Ce qui est amusant, c'est que dans le premier cas, on est en 1961 et dans le second en 1944. Aucun des deux n'a osé situer son métrage à l'époque où l'avait situé Louis Pergaud, à savoir la fin du XIXème siècle, ni à l'époque de la publication du livre, ni non plus à la notre. C'est un peu comme si l'adaptation d'Yves Robert avait imposé une certaine image de cette histoire et qu'il était impossible d'y déroger au risque d'échouer. D'ailleurs quand on compare les deux affiches des films qui sortent en ce septembre 2011, il est impossible de dire que l'un se passe à la veille de la libération et l'autre en 1961. Tout ce qu'on peut supposer, c'est que ça se passe grosso modo au milieu du XXème siècle. Pourtant, il existe une version de 1936, La guerre des gosses (ainsi qu'une version irlandaise réalisée en 1995).
En ce qui me concerne, ces sorties ont été l'occasion de me rafraîchir la mémoire à propos du film d'Yves Robert devenu, avec le temps, l'adaptation référence du livre de Louis Pergaud. Les enfants de Longeverne ont vendu peu de timbres au profit des malades de la tuberculose à cause des enfants de Velrans, ceux-ci ayant vendu leurs timbres sur le territoire de Longeverne. Ils leur déclarent donc la guerre et le fils Lebrac prend le commandement.
De La guerre des boutons, on en a l'image d'une comédie. C'est vrai, le film est drôle, rythmé par les situations amusantes et à chaque fois qu'il est évoqué, il y a souvent quelqu'un pour imiter la réplique de Petit Gibus: "Oh, bah, mon vieux, si j'aurais su j'aurais pas v'nu". Pourtant, on y voit aussi des enfants parler de République, de démocratie, d'égalité et de fraternité, des concepts qu'ils accommodent à leur sauce en fonction de ce qu'ils ont certainement pu retenir de leur instituteur, figure républicaine du village (Ceci dit, dans mon souvenir, il était beaucoup plus présent qu'il ne l'est en réalité). Les enfants d'aujourd'hui parlent-ils encore de ces concepts dans les cours de récréation ? Mais au fait, les enfants de l'époque, évoquaient-ils ces sujets entre eux ou est-ce simplement une vision un peu idéalisée des cours de récréation du début des années 60 ?
Cependant, ce qui est finalement le plus surprenant, c'est quand même la violence employée par les enfants dans leurs jeux de guerre et l'apprentissage de ses codes. Ils s'envoient des cailloux en pleine figure à l'aide de frondes et se battent au corps à corps à coups d'épées en bois. Le fils Laztec, chef des Velrans, ira jusqu'à utiliser le tracteur de son père pour détruire la cabane des Longeverne. Le plus humiliant est lorsqu'un clan capture un membre de l'autre clan. Procédé imaginé par Lebrac, les boutons, les bretelles et les lacets du prisonnier sont alors arrachés et découpés. Il rentre alors chez lui, la honte dans le ventre. Le plus terrible est le sort qui sera réservé au fils Bacaillé qui trahira les Longeverne. Il sera fouetté par ses camarades et rentrera chez lui complètement traumatisé.
Tout n'est donc pas si drôle que ça aux pays de la guerre des boutons. Est-ce que les deux remakes de septembre 2011 mettent en scène la même gravité comme Yves Robert l'a fait ? Le film de 1962 expose un certain alcoolisme campagnard (Le père Laztec n'hésite pas à servir de la gnôle au petit Gibus jusqu'à ce qu'il soit "rond comme un boudin", les hommes boivent au goulot et rentrent ivres), le thème des enfants battus (Le père Lebrac a régulièrement la main lourde sur son fils) ou encore le sexisme qui s'exprime même chez les enfants (cf. la scène où les garçons insistent auprès de la petite Marie pour qu'elle leur montre ses seins).
Au début de l'article, j'émettais l'idée d'une adaptation qui se déroulerait à notre époque. En réalité, c'est une mauvaise idée. Il lui serait difficile d'être bon enfant et c'est quand même cette ambiance qui prime malgré tout dans le film de 1962 et très certainement dans ses remakes ; car dans la guerre des boutons d'aujourd'hui, la drogue, les armes à feux et les barres d'immeubles ont respectivement remplacé les timbres pour les tuberculeux, les épées en bois et les champs de campagne. C'est nettement moins bon enfant.
Hollywood n'a pas le monopole des remakes. On en produit auusi en France. Parmi les films qui ont connu d'autres versions, on peut par exemple citer Fanfan la tulipe, Le Schpountz ou encore La cage aux rossignols dont le gros succès Les choristes de Christophe Barratier en est le remake. Et ce dernier semble prendre goût à la mise en scène de remakes puisqu'il signe La nouvelle guerre des boutons qui sort ce mois-ci. A la limite, pourquoi pas ? Je prends toujours le parti de ne pas avoir d'à priori positif ou négatif quel que soit le film. Le problème, c'est que sort dans le même mois un autre remake titré tout simplement La guerre des boutons réalisé cette fois par Yann Samuell. Cette situation aberrante est d'abord due au fait que le roman d'origine écrit par Louis Pergaud et publié en 1912 est tombé dans le domaine public l'année dernière. Ainsi, pour être tout à fait honnête, il s'agit plus de nouvelles adaptations que de remakes à proprement parler.
Côté casting, les deux films semblent avoir de bons atouts. Yann Samuell a bénéficié de Mathilde Seigner, Fred Testot et Alain Chabat tandis que Lætitia Casta, Guillaume Canet, Kad Merad, Gérard Jugnot et François Morel ont joué pour Christophe Barratier. Ce qui est amusant, c'est que dans le premier cas, on est en 1961 et dans le second en 1944. Aucun des deux n'a osé situer son métrage à l'époque où l'avait situé Louis Pergaud, à savoir la fin du XIXème siècle, ni à l'époque de la publication du livre, ni non plus à la notre. C'est un peu comme si l'adaptation d'Yves Robert avait imposé une certaine image de cette histoire et qu'il était impossible d'y déroger au risque d'échouer. D'ailleurs quand on compare les deux affiches des films qui sortent en ce septembre 2011, il est impossible de dire que l'un se passe à la veille de la libération et l'autre en 1961. Tout ce qu'on peut supposer, c'est que ça se passe grosso modo au milieu du XXème siècle. Pourtant, il existe une version de 1936, La guerre des gosses (ainsi qu'une version irlandaise réalisée en 1995).
En ce qui me concerne, ces sorties ont été l'occasion de me rafraîchir la mémoire à propos du film d'Yves Robert devenu, avec le temps, l'adaptation référence du livre de Louis Pergaud. Les enfants de Longeverne ont vendu peu de timbres au profit des malades de la tuberculose à cause des enfants de Velrans, ceux-ci ayant vendu leurs timbres sur le territoire de Longeverne. Ils leur déclarent donc la guerre et le fils Lebrac prend le commandement.
De La guerre des boutons, on en a l'image d'une comédie. C'est vrai, le film est drôle, rythmé par les situations amusantes et à chaque fois qu'il est évoqué, il y a souvent quelqu'un pour imiter la réplique de Petit Gibus: "Oh, bah, mon vieux, si j'aurais su j'aurais pas v'nu". Pourtant, on y voit aussi des enfants parler de République, de démocratie, d'égalité et de fraternité, des concepts qu'ils accommodent à leur sauce en fonction de ce qu'ils ont certainement pu retenir de leur instituteur, figure républicaine du village (Ceci dit, dans mon souvenir, il était beaucoup plus présent qu'il ne l'est en réalité). Les enfants d'aujourd'hui parlent-ils encore de ces concepts dans les cours de récréation ? Mais au fait, les enfants de l'époque, évoquaient-ils ces sujets entre eux ou est-ce simplement une vision un peu idéalisée des cours de récréation du début des années 60 ?
Cependant, ce qui est finalement le plus surprenant, c'est quand même la violence employée par les enfants dans leurs jeux de guerre et l'apprentissage de ses codes. Ils s'envoient des cailloux en pleine figure à l'aide de frondes et se battent au corps à corps à coups d'épées en bois. Le fils Laztec, chef des Velrans, ira jusqu'à utiliser le tracteur de son père pour détruire la cabane des Longeverne. Le plus humiliant est lorsqu'un clan capture un membre de l'autre clan. Procédé imaginé par Lebrac, les boutons, les bretelles et les lacets du prisonnier sont alors arrachés et découpés. Il rentre alors chez lui, la honte dans le ventre. Le plus terrible est le sort qui sera réservé au fils Bacaillé qui trahira les Longeverne. Il sera fouetté par ses camarades et rentrera chez lui complètement traumatisé.
Tout n'est donc pas si drôle que ça aux pays de la guerre des boutons. Est-ce que les deux remakes de septembre 2011 mettent en scène la même gravité comme Yves Robert l'a fait ? Le film de 1962 expose un certain alcoolisme campagnard (Le père Laztec n'hésite pas à servir de la gnôle au petit Gibus jusqu'à ce qu'il soit "rond comme un boudin", les hommes boivent au goulot et rentrent ivres), le thème des enfants battus (Le père Lebrac a régulièrement la main lourde sur son fils) ou encore le sexisme qui s'exprime même chez les enfants (cf. la scène où les garçons insistent auprès de la petite Marie pour qu'elle leur montre ses seins).
Au début de l'article, j'émettais l'idée d'une adaptation qui se déroulerait à notre époque. En réalité, c'est une mauvaise idée. Il lui serait difficile d'être bon enfant et c'est quand même cette ambiance qui prime malgré tout dans le film de 1962 et très certainement dans ses remakes ; car dans la guerre des boutons d'aujourd'hui, la drogue, les armes à feux et les barres d'immeubles ont respectivement remplacé les timbres pour les tuberculeux, les épées en bois et les champs de campagne. C'est nettement moins bon enfant.
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