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Mon 11 septembre 2001


On sait tous ce qu'on faisait le 11 septembre 2001 lorsqu'on a pris connaissance des attentats. Moi, j'étais au volant de ma voiture, on m'a appelé pour me demander si je savais ce qu'il se passait. Non, je n'étais pas au courant. Je me souviens même avoir demandé: "Mais c'est un accident?". Non, un deuxième avion s'était abattu, il s'agissait d'attentats. En arrivant chez moi, j'ai allumé la télévision. Toutes les chaînes diffusaient ces incroyables images de New-York. J'ai vu les tours du World Trade Center s'effondrer en direct. J'osais à peine imaginer ce qu'étaient en train de vivre les personnes présentes sur les lieux. Cet événement est certainement l'un des faits historiques les plus marquants de la fin du XXème siècle et du début du XXIème. Je me souviens d'un commentateur (un historien peut-être) qui avait affirmé que le XXème siècle avait réellement commencé avec la 1ère guerre mondiale, le XXIème venait de débuter ce 11 septembre 2001.

En 10 ans, ces images des tours percutées puis qui s'effondrent, combien de fois les avons-nous vues? Elles sont passées en boucle dans tous les médias, jusqu'à l’écœurement parfois. N'oublions pas non plus le 3ème avion qui s'est abattu sur le Pentagone et le 4ème, connu sous l'appellation "Vol 93" qui, semble t-il, se dirigeait vers Washington D.C (vraisemblablement sur la Maison Blanche) mais qui s'est crashé ailleurs grâce aux passagers qui s'étaient rebellés contre les terroristes.  Ces attentats ont été commentés, analysés, décortiqués... par tout le monde: personnalités politiques, journalistes, artistes, experts en relations internationales, en terrorisme mais aussi experts en rien, certains allant jusqu'à remettre en cause la version officielle et alimenter parfois les théories conspirationnistes les plus dégueulasses.



Le 11 septembre 2001 aura pour conséquence immédiate le déclenchement de l'intervention de l'armée américaine en Afghanistan dès le mois d'octobre suivant. Il aura aussi servi à justifier un peu plus tard la guerre en Irak. 10 ans après, ces deux guerres restent toujours d'actualité, les américains ont même retrouvé et tué Oussama Ben Laden en Afghanistan il y a 4 mois. Les attentats auront également permis aux Etats-Unis d'incarcérer à Guantanamo de nombreux prisonniers en dehors du respect des droits les plus fondamentaux de la défense. La peur du terrorisme aura facilité l'adoption de textes sécuritaires dans pas mal de pays occidentaux, les Etats-Unis en tête (Le Patriot Act par exemple).

En tout cas, il y a un avant et un après 11 septembre 2001. Indéniablement. En dehors des conséquences géopolitiques qui m'ont forcément intéressées, interpellées, ce sont celles qui touchent à la production artistique qui m'ont captivé. Au cinéma, dans mes souvenirs, la première conséquence dans le domaine dont j'ai eu connaissance, c'est la disparition de la bande-annonce du 1er Spider-Man qui  sortait l'année suivante. On y voyait l'homme-araignée construire une immense toile entre les deux tours pour y capturer un hélicoptère.



Il y eut également une polémique autour du film Collateral damage. Arnold Schwarzenegger y interprète un pompier américain qui décide de venger sa famille tuée dans un attentat. La sortie initialement prévue pour la fin 2001 fût donc repoussée. Beaucoup de bruits pour un film qui n'en valaient pas la peine, tant celui-ci est certainement l'un des plus mauvais dans lequel le chêne autrichien ait pu jouer.

En fait, la première illustration cinématographique que j'ai vue sur le sujet, c'est dans le magnifique film de Spike Lee, The 25th hour, sorti le 12 mars 2003 en France qui offre une vue saisissante sur le Ground Zero. Puis l'année suivante, Michael Moore prit le 11 septembre 2001 comme l'un des points de départ pour son pamphlet anti-Bush Fahrenheit 9/11.

The 25th hour

D'autres productions qui à première vue n'ont rien à voir avec l'attentat en sont pourtant imprégnées de façon consciente ou non. C'est le cas par exemple de War of the worlds (2005) de Steven Spielberg avec ses images d'engins extraterrestres réduisant en cendres les bâtiments qu'ils croisent sur leur chemin. George A. Romero s'est aussi fortement inspiré de la politique qu'a menée l'administration Bush après les attentats pour son Land of the dead (2005), ajoutant ainsi un nouveau volet (pas le meilleur) à ses films de zombies qui cachent en réalité des films contestataires. Ici, dans une ville où se sont réfugiés les humains face au reste de la planète envahi de morts-vivants, Kaufman (Dennis Hopper) qui règne en maître trahit Cholo (John Leguizamo) l'un de ses hommes de main en lui faisant comprendre qu'il ne fera jamais parti de la caste des privilégiés. Ce dernier se retourne alors contre lui et menacera de détruire les grattes-ciel de la cité. C'est un peu l'histoire de Ben Laden, celui-ci ayant été utilisé par les Etats-Unis lors de la guerre d'Afghanistan contre l'URSS pour ensuite se retourner contre eux.





















Mais je pense que le cas le plus surprenant est celui du film japonais Battle Royale II - Requiem sorti en 2003 et mis en scène par Kinji et Kenta Fukasaku. Le film commence par l'image de la destruction de buildings rappelant celle du World Trade center. Mais loin de condamner un tel acte, le métrage le glorifie. Le jeune terroriste responsable finira par se réfugier en Afghanistan pour continuer à lutter contre les Etats-Unis, le pays des "méchants" et parvenir à construire un monde meilleur. Autant le 1er film est excellent, autant sa suite est grotesque et douteuse.

Battle Royale 2 - Requiem

D'autres films illustrent les guerres qui ont suivies le 11 septembre comme Hollywood avait mis en scène la guerre du Vietnam. On peut citer, entre autres, Redacted (2007) de Brian de Palma ou The hurt locker (2008) de Kathryn Bigelow. Plus léger, The A-Team (2010) de Joe Carnahan fait de l'équipe de Hannibal des vétérans de la guerre d'Irak là où la série d'origine en faisait des vétérans de la guerre du Vietnam. En 2010, est sorti aussi Remember me de Allen Coulter, drame romantique avec Robert Pattinson (le héros de Twilight), Emilie de Ravin (Lost) et Pierce Brosnan (ancien James Bond) où l'attentat contre le World trade Center vient modifier le destin des personnages.

Finalement, à ma connaissance, seuls deux films ont traité de manière directe ce qu'il s'est passé le 11 septembre 2001: United 93 (2006) de Paul Greengrass et World Trade Center (2005) d'Oliver Stone.

Il n'y a pas que le cinéma où l'empreinte du 11 septembre s'est posée. Ainsi, que serait devenue la série américaine 24 sans les attentats du 11 septembre 2001 où à travers ses 8 saisons, l'obsession du terrorisme est omniprésente? Pourtant la 1ère saison a été pensée avant l'attentat. Le n°32 de Spider-man est un spécial 11 septembre 2001 et on y voit le héros apporter son aide aux secours.

Dans la littérature et les romans aussi, le 11 septembre y a été illustré. Me viennent en tête deux livres dans deux genres différents: Les arcanes du chaos de Maxime Chattam et Seul dans le noir de Paul Auster. Le premier surfe sur la mode des théories du complot qu'on peut trouver sur le net comme par exemple le billet de 1 dollar qui, plié d'une certaine façon, illustrerait les tours du World Trade Center en feu. Un autre passage du roman, que je ne dévoilerai pas ici pour ne pas faire de spoiler, est en lien direct avec l'attentat. Mais quoi qu'il en soit, c'est un très mauvais livre, Chattam était nettement plus inspiré lorsqu'il a écrit ce qu'il appelle sa trilogie du mal. Paul Auster, en revanche, livre un récit brillant où un vieil homme dont le petit ami de sa petite-fille est mort pendant la guerre d'Irak imagine un monde où les attentats du 11 septembre n'ont pas eu lieu mais dans lequel les Etats-Unis sont en pleine guerre civile.

Il existe également des chansons qui ont traité du 11 septembre 2001. L'une des plus célèbres est certainement la chanson de Renaud Manhattan - Kaboul qu'il interprète avec Axelle Red. Bruce Springsteen évoque également le sujet dans The rising. Il y a aussi d'autres textes qui prennent un drôle de résonance alors qu'elles ont été composées avant. Ainsi, Noir désir chante dans Le grand incendie : "Ça y est, Le grand incendie, Y'a l'feu partout, emergency, Babylone, Paris s'écroulent, New-York City, Iroquois qui déboulent, Maintenant... Allez (...), C'est l'incendie, Le grand incendie". Figurant dans l'album Des visages, des figures, celui-ci est sorti... le 11 septembre 2001.



De nombreux films ont également mis en scène les deux tours avant le 11 septembre. Le King Kong de John Guillermin sorti en 1976 se finit en haut des deux tours, Christopher Reeve et Margot Kidder les survolent dans le Superman de Richard Donner (1978) et elles se dressent fièrement en arrière plan de la jaquette du DVD français du 2ème. Elles font aussi toujours partie du New-York ville-prison futuriste de Escape from New-York (1981) de John Carpenter. Maintenant, quand on les voit au détour d'un plan ou d'une scène, on ne peut s'empêcher de penser aux attentats, d'en revoir les images. Elles sont imprimées dans le cerveau de tous ceux qui les ont vu en direct il y a 10 ans.

Superman

Il existe un autre 11 septembre qui lui aussi a eu un retentissement mondial. L'histoire internationale s'y est aussi jouée pour les décennies qui l'ont suivi. Le 11 septembre 1973, jour où le gouvernement socialiste de Salvador Allende a été renversé par le coup d'Etat militaire du général Augusto Pinochet avec l'appui des Etats-Unis et de la CIA. Ce 11 septembre là, Allende s'est suicidé.

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