Accéder au contenu principal

Le barracuda (1961) - André Caroff

"La pénombre était tombée et la pâle lueur d'une lune naissante argentait les choses. Une piste étroite longeait la grève et descendait entre les palmiers géants aux formes élancées. L'eau du golfe luisait sous la brise légère qui retroussait les vagues et, sur le rivage, le sable fin gardait la trace de leur passage humide et caressant.
Assis dans un rayon de lune, Juanito, indifférent au féérique paysage qui l'entourait, contemplait fixement le passage que l'eau avait creusé entre les rochers rouges. Ce passage, Juanito l'avait nommé "le passage des requins" et il l'avait considéré comme tel jusqu'au jour où le barracuda l'avait emprunté".

Le barracuda a toujours été dans la famille. Enfant, sa couverture m'impressionnait. Cet énorme requin la traversant la m'effrayait. Il était le danger. Le visage féminin aux lèvres entrouvertes évoquait un érotisme dont je n'ai eu conscience qu'aux premiers émois adolescents. Le sigle en bas à gauche de cette tête de mort sur fond de château fort d'inspiration gothique rappelait les films d'épouvante et d'horreur qui m'attiraient déjà alors que je n'étais qu'un enfant. Et le titre de la collection : "ANGOISSE" !

Ce n'est pourtant que récemment que j'ai lu le livre d'André Caroff, un article de Jacques Layani sur son blog à son sujet m'ayant fait remonter à la mémoire son existence.

Nulle horreur ou épouvante cependant ; et pour l'érotisme, on repassera. Il s'agit, dans le fond, d'une histoire d'adultère où les amants ont échafaudé un plan pour se débarrasser de la riche épouse du monsieur.

Il y a cependant bien un barracuda. Celui-ci apparait dès les premières pages du roman mais il s'agit surtout du mari qui, dans une scène de traque plutôt bien amenée et construite, prend en chasse le témoin de l'assassinat de l'épouse trompée. La scène qui s'étend sur quelques pages est assez saisissante et tranche avec la forme du texte qui se déroulait jusque là. Et la fin réserve une surprise à laquelle je ne m'attendais pas. Comme quoi les rebondissements de dernière minute, procédé narratif qui s'est généralisé aussi bien dans les romans que dans les films, n'est pas une technique aussi récente qu'on l'imagine. 

Un roman assez court, facile dans sa lecture et donc, qui se découvre rapidement.



Commentaires

  1. Précisons que Le Barracuda est le deuxième roman d'André Carpouzis qui, au total, en signera pas moins de 218 sous ses différents pseudonymes (André Caroff, Rod Garaway, Ram Storga, Daib Flash, Alexandre Scorcia). C'est en cela que sa maîtrise est assez étonnante. Elle deviendra plus grande et plus solide encore, les années passant. Pour ce qui est de l'érotisme, 1961 ne l'autorisait pas. Ce n'était tout simplement pas concevable dans des ouvrages en vente libre et énormément diffusés et distribués. Le visage de femme est en revanche un classique, dans l'art de l'illustration.

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Vertige (2011) - Franck Thilliez

J'ai découvert Franck Thilliez  il y a quelques années avec La chambre des morts , polar que j'avais apprécié lire. Plus tard, j'ai lu Train d'enfer pour ange rouge , thriller plutôt bien construit qui plonge le lecteur dans un univers qui se montre de plus en plus effrayant. J'ai achevé la lecture de  Vertige  récemment, son avant dernier livre qui me fait dire que l'auteur s'est amélioré entre ses premières œuvres et celle-ci ; Avec toujours ce goût pour les descriptions de scènes et situations morbides. Jonathan Touvier se réveille au fond d'une grotte glacée. Il est attaché au poignet par une chaîne qui restreint considérablement son champs de déplacement. Il y a son chien aussi, endormi et qui ne tardera pas à sortir du sommeil dans lequel il a été plongé. Deux autres hommes aussi se réveillent dans le même lieu : Farid, qui lui est enchaîné à la cheville et Michel, libre de ses mouvements mais qui a un masque de fer fixé autour de la tête. P

Licence to kill (1989) - John Glen

Licence to kill est le premier James Bond que j'ai vu au cinéma. A l'époque, j'avais été un peu déçu, le canevas scénaristique étant similaire à de nombreuses productions cinématographiques des années quatre-vingts, à savoir une histoire de vengeance sur fond de trafic de drogue. Depuis, je l'ai revu à la hausse. En effet, bien qu'il s'agisse pour la première fois d'un titre non issu des écrits de Ian Fleming, il me semble plutôt fidèle à l'esprit du créateur de James Bond. Il s'inspire d'ailleurs d'éléments qui avaient été ignorés dans les précédentes adaptations, en premier lieu la mutilation de Felix Leiter ( David Hedison ), jeté dans la mâchoire d'un requin, événement dramatique qui intervient dans le roman Live and let die mais entièrement ignoré dans sa pitoyable adaptation de 1973 . Dans Licence to kill , Leiter est jeté au requin alors qu'il vient tout juste de se marier. Parallèlement, Della, son épouse, sera t

Casino Royale (1953) - Ian Fleming

Avant propos : la quasi intégralité de cet article a été rédigée avant le week-end James Bond au Touquet . C'est l'organisation de ce week-end qui m'a motivé pour me plonger à nouveau dans les origines de 007 plus de 20 ans après les avoir lu. Il y a quelques similitudes avec les propos de Jacques Layani lors de sa conférence du 8 octobre dernier mais en aucune façon, je n'ai copié ou récupéré ce qu'il a pu dire sur Ian Fleming et James Bond. Je tenais à le préciser afin d'éviter tout malentendu avec celles et ceux qui ont assisté à la conférence ainsi qu'avec Jacques Layani lui même. " L'odeur d'un casino, mélange de fumée et de sueur, devient nauséabonde à trois heures du matin. L'usure nerveuse causée par le jeu - complexe de rapacité, de peur et de tension - devient insupportable ; les sens se réveillent et se révoltent. " C'est par ces mots que commence en 1953 la toute première intrigue de James Bond 007 imaginée par