Accéder au contenu principal

Nymphéas noirs (2011) - Michel Bussi

"Trois femmes vivaient dans un village.
La première était méchante, la deuxième était menteuse, la troisième était égoïste.
Leur village portait un joli nom de jardin. Giverny.
La première habitait dans un grand moulin au bord d'un ruisseau, sur le chemin du Roy ; la deuxième occupait un appartement mansardé au-dessus de l'école, rue Blanche-Hoschedé-Monet ; la troisième vivait chez sa mère, une petite maison dont la peinture aux murs se décollait, rue du château-d'Eau.
Elles n'avaient pas non plus le même âge. Pas du tout. La première avait plus de quatre-vingts ans et était veuve. Ou presque. La deuxième avait trente-six ans et n'avait jamais trompé son mari. Pour l'instant. La troisième avait onze ans bientôt et tous les garçons de son école voulaient d'elle pour amoureuse. La première s'habillait toujours de noir, la deuxième se maquillait pour son amant, la troisième  tressait ses cheveux pour qu'ils volent au vent."

Après avoir lu Gravé dans le sable, c'est avec plaisir que je reçus un autre Bussi, Nymphéas noirs. Sorti en 2011, j'ai retrouvé ce qui m'avait plu précédemment.

L'écrivain prend soin d'installer l'atmosphère, ici à Giverny, village de Claude Monet, où le cadavre de Jérôme Morval, un chirurgien ophtalmologue, est retrouvé au bord de l'Epte.

Du haut de son moulin, une vieille dame observe tout, en se permettant des réflexions souvent acerbes sur celles et ceux qu'elle guette. Il y a Stéphanie, l'institutrice du village, Fanette, une gamine de onze ans qui cherche à réussir un tableau de nymphéas avec l'aide d'un peintre américain, l'inspecteur Laurenç Sérénac, en charge de l'enquête sur le meurtre, le chien Neptune, les touristes, etc. Au passage, elle ne se prive pas de formuler des remarques similaires au sujet de Monet et de son obsession pour les nymphéas. L'impressionniste en prend pour son grade, comme les peintres qui cherchent en vain et vaniteusement l'inspiration dans le village normand. C'est vrai, quoi ! Ce n'est pas parce que l'un des plus célèbres peintres au monde a vécu et peint en ces lieux que le talent touchera du doigt tous ces gens !

Plus l'intrigue avance, moins les faits semblent certains voire, parfois, même réels. J'ai même douté de leur existence ou de leur concomitance. En effet, des signes m'ont fait penser qu'ils n'avaient pas lieu à la même époque. La question se pose d'autant plus qu'il est possible que le meurtre trouve son origine plusieurs décennies en arrière. Et cette soudaine interrogation qui m'a assailli en plein milieu du livre : et si tout cela, n'était que le fruit de l'imagination de cette vieille dame qui rumine sans cesse ?

Le lecteur passe donc de suppositions en doutes, pour d'autres interrogations, etc. Si en fin de compte, j'avais deviné l'un des points essentiels de la trame aux deux tiers du livre, j'étais loin d'en avoir découvert l'intégralité du fond. Pourtant, tout est là, devant nos yeux. Michel Bussi a écrit un polar intelligent qui, loin de chercher à impressionner, a surtout cherché à installer un climat que j'ai trouvé captivant.

En cherchant ce qu'il se dit sur internet au sujet de Nymphéas noirs, il est possible d'apprendre qu'il est le roman policier le plus primé en 2011. Bien que ne cherchant jamais à valoriser une quelconque œuvre (livres, films, etc.) en fonction de son nombre de récompenses obtenues, il me semble qu'en l’occurrence, c'est amplement mérité.

Je peux terminer la lecture d'un roman assez rapidement si celui-ci m'absorbe, mais en présence de celui-ci, j'ai souhaité prendre mon temps, tant l'ambiance me plaisait. Et il n'est pas courant qu'un livre à suspense élargisse un peu votre culture sur Claude Monet, les impressionnistes d'une façon générale et invite Louis Aragon à la citation. 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Vertige (2011) - Franck Thilliez

J'ai découvert Franck Thilliez  il y a quelques années avec La chambre des morts , polar que j'avais apprécié lire. Plus tard, j'ai lu Train d'enfer pour ange rouge , thriller plutôt bien construit qui plonge le lecteur dans un univers qui se montre de plus en plus effrayant. J'ai achevé la lecture de  Vertige  récemment, son avant dernier livre qui me fait dire que l'auteur s'est amélioré entre ses premières œuvres et celle-ci ; Avec toujours ce goût pour les descriptions de scènes et situations morbides. Jonathan Touvier se réveille au fond d'une grotte glacée. Il est attaché au poignet par une chaîne qui restreint considérablement son champs de déplacement. Il y a son chien aussi, endormi et qui ne tardera pas à sortir du sommeil dans lequel il a été plongé. Deux autres hommes aussi se réveillent dans le même lieu : Farid, qui lui est enchaîné à la cheville et Michel, libre de ses mouvements mais qui a un masque de fer fixé autour de la tête. P...

Le Touquet - British Week : Week-end James Bond des 8 et 9 octobre 2011

Palais des Congrès - Entrée Pour la deuxième fois, Le Touquet organise la British Week. Débutée le samedi 8 octobre, elle s'achève dimanche prochain. La station se met "à l'heure anglaise" comme le proclame la municipalité. Cette année a été organisé un Week-end James Bond avec le Club français de l'agent secret britannique et plusieurs invités. Ceux qui me connaissent savent que je suis un mordu du personnage depuis pas mal d'années, depuis que j'ai 14 ans en réalité lorsque j'ai vu le tout premier James Bond, "Dr No". J'apprends ainsi qu'une conférence sur Ian Fleming  animée par un certain Jacques Layani, auteur de On ne lit que deux fois aura lieu au Palais des Congrès le samedi matin. L'après-midi est prévue la diffusion de "Tuer n'est pas jouer" suivi d'un entretien avec John Glen et Maryam d'Abo qui  sont respectivement le metteur en scène (ainsi que de quatre autres James Bond) et ...

Malevil (1981) - Christian de Chalonge

Dans mon enfance, il y a quelques films qui m'ont marqué mais pour chacun d'entre eux ne me restait qu'une image : un être amphibie nageant au fond d'un lac ( The creature from the black lagoon ), une femme habillée en cow-boy face à des hommes menaçants ( Johnny Guitar ), un homme qui retire un masque pour révéler un visage de femme qui rit en regardant des voitures s'éloigner de son manoir ( Murder by death ), une communauté vivant dans les catacombes de Paris ( Les gaspards )  et enfin un décor apocalyptique où tentent de survivre une poignée de personnes ( Malevil ). Ces long-métrages étant loin de bénéficier d'une diffusion télé annuelle, les occasions de les revoir furent nulles et leur souvenir se perdit dans les tréfonds de ma mémoire pour se résumer à ces quelques images. Pourquoi ceux-là ? Leur originalité propre a dû marquer mon imaginaire. Avec l'apparition du dvd et constatant la sortie de titres rares et oubliés, ces films remontèrent à la...