Accéder au contenu principal

Tu es moi (2015) - Edmonde Permingeat

"- Putain, amène-toi, Zoé, viens voir ça, y a ton portrait craché sur Facebook !
Le visage rieur d'une jeune femme, envahi par une crinière flamboyante indomptée, émergea au-dessus du paravent qui séparait la salle de bains du reste du studio.
- Une minute, je sors de la douche ! 
Pied nus, enveloppée dans une grande serviette, elle vint s'asseoir quelques instants plus tard sur le canapé crasseux aux accoudoirs constellés de trous de cigarettes. Les ressorts saillaient comme des serpents enfermés dans un sac. Léo trépignait d'impatience, le portable sur les genoux." 

Zoé vit avec son voyou de Léo dans un quartier pauvre de Marseille. Passant ses journées à fouiner sur Facebook, Léo remarque l'étonnante ressemblance de Zoé avec Noélie, l'épouse d'un riche médecin de Marseille qui étale sa vie sur le célèbre réseau social sans avoir pris la précaution de protéger correctement son compte. Il ne lui faut pas longtemps pour imaginer l'enlèvement de Noélie afin que Zoé prenne sa place, et à eux la belle vie.

Edmonde Permingeat s'est certainement dit que son idée de départ était excellente. Il part d'une énorme coïncidence mais après tout, le nombre d'intrigues de thrillers et de polars qui débutent sur des hasards un peu gros sont nombreux ; à l'auteur d'avoir suffisamment de talent pour le faire accepter à ses lecteurs. L'enrobage et les arguments se doivent donc d'être convaincants dès le début ou il devient difficile d'accepter ce qu'on lit et d'entrer pleinement dans l'histoire. Alors, Edmonde  Permingeat réussit-elle le pari qu'elle s'est imposé ?

La réponse est sans appel : non.

Dès le début, elle aligne les pires clichés et fait parler ses personnages de façon très artificielle. Mince, les gens des quartiers pauvres ne parlent pas de cette façon ! Certaines expressions semblent tout droit sorties des années cinquante. De plus, d'autres coïncidences se succèdent alors que l'on n'a pas encore avaler la première.

Arrive le moment de l'enlèvement, on sent bien que le ton se veut grave et stressant mais déjà, l'envie de connaitre la suite s'est déjà fortement émoussée. Même pas au quart du livre qu'il faut déjà se motiver pour le lire !

Pour prendre la place de Noélie, Zoé simule une amnésie après une agression mise en scène avec la complicité de son petit ami. Mais ce sont les autres personnages qui semblent bel et bien atteints d'amnésie face à Zoé qui veut se faire passer pour Noélie. Les situations sont ridicules et l'histoire s'éternise à n'en plus finir.

A plusieurs reprises, l'envie de fermer définitivement Tu es moi me prend mais je n'aime pas ne pas finir un récit, aussi mauvais soit-il. J'espère toujours une amélioration qui ravivera l'intérêt, ne serait-ce même que par un détail. Survient alors une révélation sensée nous scotcher ; mais annoncée avec le suspense d'un éléphant qui débarque au milieu d'une exposition d'objets en porcelaine, l'effet tombe carrément à plat et en ce qui me concerne, je me doutais fortement que l'on allait en arriver là.

Puis lieux communs, banalités et énormités continuent de s'enchaîner. Et alors que le livre me glissait de plus en plus des mains avant de tomber, Edmonde Permingeat fait évoluer son histoire et installe enfin un peu de suspense. Cela ne changera rien à la médiocrité de l'ensemble, me dis-je alors mais je décide de lui laisser une ultime chance. Hélas, le comportement des personnages continue à être illogique, incompréhensible, et la fin est encore loin. J'abandonne.

Finalement, qu'a souhaité écrire Edmonde Permingeat ? Je n'en ai aucune idée. Son livre n'est ni un thriller, ni un roman policier, pas même une chronique familiale, encore moins un récit social.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Vertige (2011) - Franck Thilliez

J'ai découvert Franck Thilliez  il y a quelques années avec La chambre des morts , polar que j'avais apprécié lire. Plus tard, j'ai lu Train d'enfer pour ange rouge , thriller plutôt bien construit qui plonge le lecteur dans un univers qui se montre de plus en plus effrayant. J'ai achevé la lecture de  Vertige  récemment, son avant dernier livre qui me fait dire que l'auteur s'est amélioré entre ses premières œuvres et celle-ci ; Avec toujours ce goût pour les descriptions de scènes et situations morbides. Jonathan Touvier se réveille au fond d'une grotte glacée. Il est attaché au poignet par une chaîne qui restreint considérablement son champs de déplacement. Il y a son chien aussi, endormi et qui ne tardera pas à sortir du sommeil dans lequel il a été plongé. Deux autres hommes aussi se réveillent dans le même lieu : Farid, qui lui est enchaîné à la cheville et Michel, libre de ses mouvements mais qui a un masque de fer fixé autour de la tête. P

Licence to kill (1989) - John Glen

Licence to kill est le premier James Bond que j'ai vu au cinéma. A l'époque, j'avais été un peu déçu, le canevas scénaristique étant similaire à de nombreuses productions cinématographiques des années quatre-vingts, à savoir une histoire de vengeance sur fond de trafic de drogue. Depuis, je l'ai revu à la hausse. En effet, bien qu'il s'agisse pour la première fois d'un titre non issu des écrits de Ian Fleming, il me semble plutôt fidèle à l'esprit du créateur de James Bond. Il s'inspire d'ailleurs d'éléments qui avaient été ignorés dans les précédentes adaptations, en premier lieu la mutilation de Felix Leiter ( David Hedison ), jeté dans la mâchoire d'un requin, événement dramatique qui intervient dans le roman Live and let die mais entièrement ignoré dans sa pitoyable adaptation de 1973 . Dans Licence to kill , Leiter est jeté au requin alors qu'il vient tout juste de se marier. Parallèlement, Della, son épouse, sera t

Casino Royale (1953) - Ian Fleming

Avant propos : la quasi intégralité de cet article a été rédigée avant le week-end James Bond au Touquet . C'est l'organisation de ce week-end qui m'a motivé pour me plonger à nouveau dans les origines de 007 plus de 20 ans après les avoir lu. Il y a quelques similitudes avec les propos de Jacques Layani lors de sa conférence du 8 octobre dernier mais en aucune façon, je n'ai copié ou récupéré ce qu'il a pu dire sur Ian Fleming et James Bond. Je tenais à le préciser afin d'éviter tout malentendu avec celles et ceux qui ont assisté à la conférence ainsi qu'avec Jacques Layani lui même. " L'odeur d'un casino, mélange de fumée et de sueur, devient nauséabonde à trois heures du matin. L'usure nerveuse causée par le jeu - complexe de rapacité, de peur et de tension - devient insupportable ; les sens se réveillent et se révoltent. " C'est par ces mots que commence en 1953 la toute première intrigue de James Bond 007 imaginée par