Longtemps, j'ai considéré Thunderball comme le meilleur James Bond... Et Skyfall est sorti. Cela dit, la réussite artistique du dernier James Bond en date n'enlève rien aux qualités du film dont il est question ici. Pour la 1ère fois un James Bond bénéficie d'un format 2,35:1, les précédents étant en 1,66:1. Le cinémascope permet d'offrir toute l'ampleur nécessaire à l'extravagant scénario, aux paysages des Bahamas et aux scènes d'action. Malgré la volonté de livrer un spectacle encore plus fabuleux que précédemment, l'ambiance générale n'est pas à la décontraction et pour cause : Il s'agit ici de retrouver deux bombes nucléaires volées par l'organisation criminelle internationale S.P.E.C.T.R.E. Le style nerveux et tendu de Terence Young, qui avait laissé sa place de réalisateur pour Goldfinger à Guy Hamilton, est à la hauteur de l'enjeu de l'intrigue. Thunderball est un enchaînement de combats enragés, poursuites, meurtres, tortures jusqu'à la bataille finale sous-marine entre l'armée américaine et les hommes du S.P.E.C.T.R.E, succession saisissante d'éventrations et de harponnages entre les deux camps.
Le film baigne dans une ambiance de perversité assez manifeste. Les ennemis font partie des plus sadiques que 007 ait eu à affronter dans sa longue carrière. Emilio Largo (l'excellent Adolfo Celi) est un être froid, manipulateur, vicieux qui se joue de la naïveté de sa maîtresse Domino Derval (Claudine Auger) et qu'il n'hésitera pas à torturer lorsqu'il se rendra compte que l'espion anglais l'a retourné contre lui. Son homme de main Vargas (Philip Locke) "does not drink. Does not smoke. Does not make love". Une telle présentation vous pose le personnage d'autant plus qu'il semble effectivement dénué de toute émotion et d'empathie. Fiona Volpe (Luciana Paluzzi), également membre du S.P.E.C.T.R.E, est une tueuse qui demande à James Bond (Sean Connery) s'il aime la sauvagerie alors qu'ils font l'amour. L'agent britannique lui-même se montre sardonique. Quand Domino lui fait remarquer qu'il a de bons yeux parce qu'il a vu son surnom gravé sur une chaîne qu'elle porte à la cheville, il se dit à lui-même :"Wait till you get on my teeth".
On retrouve cette même atmosphère de sadisme entre les membres du S.P.E.C.T.R.E eux-mêmes. Lors de la réunion où les chefs de pôle font le bilan de leurs actions à travers la planète, Ernst Stavro Blofeld, dont le visage n'est toujours pas dévoilé, n'hésite pas à terroriser ses subordonnés jusqu'à faire griller les traîtres sur une chaise électrique. Ambiance...
Concernant Sean Connery, celui-ci n'aura jamais été aussi bon et intense que dans Thunderball. Il ne le sera plus autant par la suite. Le personnage de Felix Leiter, agent de la C.I.A et ami de James Bond bénéficie cette fois, après le fade Cec Linder de Goldfinger, d'un acteur à la hauteur en la personne de Rik Van Nutter. Il se rapproche du personnage décrit par Ian Fleming dans ses romans même si j'ai toujours une préférence pour Jack Lord dans Dr No. A ce propos, j'ai toujours trouvé dommage pour la continuité que Felix Leiter soit systématiquement interprété par des acteurs différents.
John Barry, une fois de plus, livre une bande originale qui colle parfaitement au climat général. Sa musique est aussi tendue que l'ambiance générale du film alors qu'elle se faisait plus légère dans Goldfinger.
Le seul petit reproche que je puisse faire à Thunderball est que les scénaristes n'aient pas osé mettre en scène les raisons développées par Ian Fleming dans son roman qui font que James Bond est envoyé en clinique de remise en forme. En effet, dans le roman (que j'ai chroniqué ICI), le chef des services secrets britanniques, M, l'envoie en cure pour se désintoxiquer de l'alcool et du tabac dont il est devenu dépendant en raison d'un état dépressif. Ici, 007 est en clinique pour se remettre d'une blessure suite à un combat contre un agent du S.P.E.C.T.R.E dans le prégénérique. J'en avais déjà fait la remarque, au cinéma, James Bond n'a pas le droit d'être dépressif ni d'avoir des addictions.
L'image du blu-ray m'a, cette fois, semblé moins éclatante que les trois films précédents. Cela dit, entendons-nous bien, jamais je n'ai vu Thunderball avec une telle qualité d'image.
Je me rappelle qu'à l'époque, pour nous, la formule est simple : Bond au cinéma = Connery + Terence Young. On ne sortait pas de là, au point que je me demande, rétrospectivement, si l'on s'était seulement aperçu du nom de Guy Hamilton au générique du précédent film. Pour qu'on comprenne mieux cela aujourd'hui, je redis ce que j'ai déjà dit souvent : dans ces années, Bond, c'est de toute façon du jamais vu, de toute façon quelque chose de très grand. Je crois que le style des réalisateurs nous échappait un peu. On était dedans à 200 %.
RépondreSupprimerJe trouve dommage qu'il n'en ait fait que trois mais ce sont les producteurs qui choisissent.
SupprimerTerence Young, Peter Hunt et Sam Mendes font partie des bons choix, Guy Hamilton, Lewis Gilbert ou Roger Spottiswoode des mauvais ou des moins intéressants.