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Climax ! Casino Royale (1954) - William H. Brown

On considère communément Sean Connery comme étant le premier interprète de James Bond 007 avec Dr No sorti en 1962 sur les écrans. Le rôle l'a rendu célèbre et a fait de lui une star. Ont ensuite pris la relève avec plus ou moins de bonheur George Lazenby, Roger Moore, Timothy Dalton, Pierce Brosnan et enfin, à ce jour, Daniel Craig. Mais en réalité Sean Connery n'est pas le premier acteur à avoir joué le rôle du célèbre espion britannique. Pendant longtemps, a été mis de côté pour être finalement oublié Barry Nelson qui a pourtant incarné James Bond dans l'épisode 3 de la saison 1 de la série Climax! et qui consistait en une adaptation de Casino Royale, le premier roman de Ian Fleming. Cette série a connu 4 saisons de 1954 à 1958 et chaque épisode était indépendant des autres.

L'intrigue du roman a été simplifiée à l'extrême certainement du fait que c'était tourné en direct, ce qui donne d'ailleurs quelques erreurs et approximations amusantes comme celle où un projecteur est pointé sur James Bond alors que l'action de la scène avait débuté dans le noir. Par conséquent, on n'a droit qu'à des scènes d'intérieur. Donc adieu l'attentat à la bombe dans une rue de Royale-les-Eaux, adieu aussi la poursuite en voitures, adieu également toute la fin du roman à l'auberge du fruit défendu.

Si on peut comprendre qu'en raison du format, il a fallu remanier l'histoire, certains changements sont  quand même assez critiquables. Du fait qu'il s'agisse d'une production américaine, James Bond n'est plus anglais mais américain. Il était inconcevable que le personnage principal soit au service secret de Sa Majesté. Inversement, Felix Leiter n'est plus américain mais anglais et se trouve renommé en Clarence Letter (Letter, ça fait plus britannique que Leiter ?). Les personnages de René Mathis et Vesper Lynd sont en quelque sorte fusionnés en un seul pour devenir Valerie Mathis et il existe un passé entre elle et James Bond là où il n'y en avait aucun entre Vesper et 007 dans le roman de Ian Fleming. Dans ce téléfilm, elle est en fait une ancienne petite amie de l'agent, ce qui change aussi pas mal de choses quant à la nature des relations entre les deux personnages. On remarque également que jamais le matricule 007 n'est mentionné pendant tout le métrage.

Pour ce qui est du choix de Barry Nelson pour incarner James Bond, on peut dire qu'il est loin d'égaler n'importe quel acteur de la saga EON au niveau du charisme. Avec son embonpoint perceptible, il surjoue toutes les situations comme la plupart des autres acteurs présents d'ailleurs, seul Peter Lorre dans le rôle de l'ennemi Le Chiffre étant réellement convaincant. Il a la prestance d'un bon ennemi bondien, à l'image d'un Curd Jürgens (The spy who loved me) par exemple. Le souci est que la fin qui lui est donné est nettement moins originale et dramatique que dans le roman.

Pour conclure, ce Casino Royale là est une curiosité mais ne peut être rien de plus tant l'ensemble est assez ennuyeux à cause d'une réalisation très plate, une intrigue réduite au minimum et des acteurs qui en font des tonnes. Mais il faut se dire aussi que la télévision, à cette époque, c'était ça et pour en apprécier les productions, il faut savoir se remettre dans l'ambiance.



Commentaires

  1. Eh oui, c'était ça, la télévision, même si je n'avais que deux ans à ce moment-là. Et ça a continué longtemps ainsi.
    Il n'est pas nécessaire de faire des comparaisons avec les films d'aujourd'hui, ni même avec celui de 1962 -- huit ans plus tard, à peine -- parce que ce n'est tout simplement pas comparable. Il faut prendre ce Casino Royale-là pour ce qu'il est, une "dramatique", comme on disait alors, en noir et blanc, en direct, avec une durée imposée par les normes de l'émission.
    Et dans ces conditions, tout change : cette adaptation n'est pas déplaisante. Elle est même attachante. Je préfère de toute façon le noir et blanc à la couleur, quel que soit le film, donc, je ne suis pas objectif, mais enfin...
    Et puis, historiquement, c'est la première fois. La première fois que le monde de l'image s'intéresse à Fleming et la première fois que lui, Fleming, peut voir à l'écran une de ses oeuvres, son premier roman, qui plus est. Je pense qu'il a dû être satisfait de cela, sinon de l'adaptation elle-même.

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    1. Oui, j'ai bien conscience que la télévision de l'époque, c'était des productions de ce type et c'est pour cette raison que j'ai précisé qu'il faut savoir se remettre dans l'ambiance de l'époque pour pouvoir les apprécier. Et c'est pour ça aussi que je n'ai pas cherché à comparer plus que ça avec les films de EON.

      En revanche, on ne peut pas passer sur les différences par rapport au roman. Si certaines sont acceptables pour des questions de budget et de format, d'autres sont critiquables comme James Bond qui devient américain. Du ce fait, l'acteur choisi est typiquement américain dans son physique comme dans sa façon de jouer. Il n'est pas James Bond.

      Même si j'étais curieux et content de découvrir ce Casino Royale (jusqu'à présent je n'en avais vu que des extraits), je dois reconnaître que je me suis un peu ennuyé. Par exemple, lorsque je revois de temps en temps sur France 3 un épisode de Zorro avec Guy Williams, malgré toute la naïveté de la chose (et malgré l'horrible colorisation qui y a été faite), je trouve que c'est toujours divertissant.

      Il y a également la série des années 50, La quatrième dimension, que j'ai revue en intégralité en dvd et qui, même si les épisodes sont inégaux, en contient un certain nombre dont la mise en scène fait preuve d'originalité.

      Peut-être que d'autres épisodes de la série Climax! innovent en ce qui concerne la réalisation car, après tout, je n'en ai vu que Casino Royale. Ceci dit, le direct est déjà en soit une petite performance... mais une 2ème prise est impossible quand il y a une erreur.

      Sébastien

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  2. Les dramatiques en direct, je suis sûr qu'on ne saurait même plus les faire aujourd'hui, je veux dire que malgré le progrès technique, qui est considérable, on n'y parviendrait pas.
    Eh oui, l'acteur est américain. Les Américains américanisent tout. "Il n'est pas James Bond", dites-vous. Non, il ne l'est pas, et Leiter n'est pas Leiter, Vesper n'est pas Vesper, Mathis a fondu et l'action se déroule à Monte-Carlo et non plus à Royale-les-Eaux. Mais comme il ne s'agissait alors que d'adapter un roman fort peu connu et sûrement pas considéré comme un classique, cela n'avait, aux yeux des responsables de l'émission, aucune importance. Rappelons-nous que l'édition américaine du roman était même allée jusqu'à changer le titre : You asked for it. On n'en était pas à quelques modifications près.
    Au fond, qu'avons-nous fait d'autre en France, avec la première traduction, Espions, faites vos jeux, qui situe l'action sur la Côte-d'Azur et la coupe, la triture, la malaxe, l'assaisonne, la repique, la recuit, l'interprète, la transforme, la transfigure ?

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    1. Vous avez raison, le regard sur Fleming n'était certainement pas le même à l'époque.

      Pour les traductions, vous avez bien expliqué les trahisons dans votre livre. Je ne pensais pas que de telles libertés pouvaient être prises. Si je peux comprendre que la traduction nécessite des ajustements du fait des différences entre les langues, ce que vous décrivez reste étonnant voire scandaleux.

      En revanche, je suis plus indulgent lorsqu'un film prend des libertés avec un récit écrit qu'il adapte car un récit écrit et un récit filmé sont deux choses très différentes et ça nécessite réellement des changements, en raison du rythme par exemple.

      Ceci dit, plus je relis Fleming, plus j'espère qu'un jour, il existera des adaptations au plus proche de ses romans et se déroulant à l'époque où ils ont été écrits. Ca pourrait être formidable !

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  3. Ah ça, c'est ce dont je rêve, effectivement, mais ça risque de demeurer un rêve, parce que ce ne serait pas assez commercial, en tout cas en trop grande rupture avec ce qu'est devenu Bond au cinéma, entre-temps. Mais oui, je suis pour, bien sûr.

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    1. Voyez ce qui a été fait de Sherlock Holmes. Le personnage a lui aussi traversé pas mal d'époques. Pourtant, il reste associé à l'époque victorienne si bien que les deux derniers films de Guy Ritchie avec Robert Downey Jr dans le rôle se situent au XIXème siècle. Bon, sont-ils fidèles à l'oeuvre de Doyle, je ne le pense pas mais d'autres adaptations le sont. Je ne m'avancerai pas à citer quelques titres, je n'ai lu que Le chien des Baskerville et il y a trop longtemps pour m'en souvenir réellement.

      Pour James Bond, c'est peut-être moins évident car l'incarnation cinématographique a nettement pris le dessus sur l'oeuvre littéraire. Beaucoup trop de fans n'ont pas lu les livres, pour s'en rendre compte, il suffit de parcourir les forums. Déjà, Beaucoup considèrent que les films en dehors de ceux produits par EON sont considérés comme non-officiel. Jamais plus jamais n'a pas été tourné dans la clandestinité pourtant !

      Les livres de Fleming tomberont un jour ou l'autre dans le domaine public (peut-être le sont-ils déjà d'ailleurs), ça ouvrira des portes et des idées à d'autres producteurs. Peut-être pour le pire mais on peut espérer le meilleur aussi.

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  4. Non, les ouvrages de Fleming ne sont pas dans le domaine public. Je ne connais pas le droit anglais mais, s'il s'aligne sur celui de l'Europe, c'est soixante-dix ans après la mort de l'auteur. On n'est pas près d'y arriver...
    Les meilleures adaptations de Conan Doyle -- et Dieu sait s'il y en a eu -- sont celles où l'excellent Jeremy Brett incarnait Sherlock Holmes. Formidable ! Un comédien de théâtre et quelque chose comme une cinquantaine de films. Sans comparaison avec quoi que ce soit.
    En France, nous avons aussi deux créatures de légende, Arsène Lupin et Fantômas.
    Parmi les oeuvres les plus adaptées au cinéma, figurent incontestablement Les Trois mousquetaires (toutes les adaptations -- il y en a des kilos -- sont exécrables, aucune n'est réellement fidèle) et Les Misérables, record absolu d'adaptations, y compris au théâtre et à la scène, dont aucune ne rend ni ne peut rendre l'immensité quasi spatiale du roman.

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    1. Ah oui, je me souviens bien de cette série avec Jeremie Brett. Elle passait sur la 3 si je me souviens bien. J'aimais bien.

      C'est vrai qu'en France, dans le genre, il y a Arsène Lupin et Fantômas mais j'ai toujours eu l'impression que les producteurs français ne s'intéressaient pas plus que ça à ses personnages hexagonaux. Dommage, il y a là toute une littérature d'aventures qui peut être exploitée de la meilleure façon. Il y a quelques années, il y avait un projet de film Fantômas porté par Jan Kounen, le réalisateur de Dobermann, et qui si j'ai bien compris voulait que ce soit fidèle à Souvestre et Allain. Apparemment, c'est tombé à l'eau.

      Il y a Bob Morane aussi et qui a fait l'objet d'un projet de film il n'y a pas très longtemps mais qui a également été annulé. C'est Christophe Gans (Le pacte des loups) qui devait le mettre en scène.

      Pour Les trois mousquetaires et Les misérables, je suis d'accord avec vous pour dire qu'aucun film (enfin, celles que j'ai vu) ne fait réellement honneur aux oeuvres d'origine.

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  5. Eh oui, en France, on ne s'intéresse pas à ce qui est français. Quand on voit ce que représente Bond en Angleterre, on se demande vraiment pourquoi Arsène Lupin n'est pas aimé chez lui -- où l'on aime Bond et Holmes ! Je ne comprends pas en quoi c'est incompatible.
    Bob Morane, oui, mais Henri Vernes est belge. Je m'étais limité à la France, mais si l'on parle de la Belgique, il faut aussi ajouter Maigret, aux adaptations innombrables. A moins de considérer Vernes et Simenon comme des français, puisqu'ils écrivent en français.
    Enfin, moi, ces questions me paraissent relever d'un autre monde. La nationalité des gens et des œuvres n'a pas, pour moi, beaucoup d'importance.
    Il reste qu'on pourrait faire de bons Fantômas, pas comme les pitreries des années 60 avec de Funès et Jean Marais, qui sont à Fantômas ce que Moore est à James Bond.
    Amusant, d'ailleurs, de remarquer que, si Bond et Holmes sont des "bons", chez nous, il n'y a que des "méchants" : Fantômas et Arsène Lupin. Est-ce pour cela qu'ils sont moins aimés ? Nos héros sont des cambrioleurs et des meurtriers, pas des détectives ou des agents secrets.

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    1. Oui, moi aussi la nationalité n'a pas beaucoup d'importance. Je ne savais d'ailleurs pas que Henri Vernes était belge.

      Amusante en effet votre remarque, nos héros sont des cambrioleurs et des meurtriers tandis que Bond et Holmes sont des "bons". Une idée peut-être à creuser, vérifier si en dehors des personnages que l'on cite ici, cette affirmation est applicable à d'autres...

      Et bon éclat de rire pour "de Funès et Jean Marais sont à Fantômas ce que Moore est à James Bond" !

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  6. Je parlais des héros de séries, comme Fantômas ou Lupin. Autrement, pour reprendre l'exemple des Misérables, c'est autre chose. Jean Valjean, c'est même le contraire : un bon dont la misère a fait une brute, qui redevient bon par rédemption, grâce à Mgr Myriel. C'est une autre dimension.
    Quelle autre série française pourrait-on évoquer ? OSS 117, par exemple ? Hubert Bonisseur de la Bath est français, mais il travaille pour les Etats-Unis... Et puis, au niveau littéraire, ce n'est pas sensationnel, vraiment. On ne peut pas comparer ça à Lupin ou à Fantômas. Et je ne parle pas de SAS, summum de la vulgarité, mal écrit par surcroît. Quoi d'autre ? Le Vertueux, par Yvan Audouard ? C'est moins connu, ça n'a pas la célébrité des personnages dont nous parlons. De toute façon, c'est un ancien truand. Non, je ne vois pas de "bons" dans les séries françaises, non. Peut-être cela m'échappe-t-il, mais je ne crois pas.

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    1. Oui ado, j'ai lu quelques OSS 117 et ça n'a pas grand intérêt et SAS, vous avez raison, c'est nul.

      Et San Antonio ? On est plus dans le registre de la parodie peut-être. Pour en avoir lu quelques-uns, certains m'ont bien amusé d'autres moins.

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  7. San Antonio -- j'en ai lu trois ou quatre, il y a bien quarante-cinq ans de cela -- tient surtout par le registre de langue qu'a inventé Frédéric Dard. On aime ou non, mais c'est cela qui fait l'originalité de la série. Une adaptation cinématographique -- il y en a eu -- n'aurait pas le même intérêt. Et puis, on change de "classe", disons. Bond et San A., cela ne se compare pas. Leiter (ou Mathis) et Béru, encore moins...

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