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005 contre le S.L.U.D.G.E (1965) - Mike Jenning

Il doit bien y avoir une bonne vingtaine d'années que j'ai ce bouquin et pourtant, en n'entamant sa lecture que récemment (je ne l'avais jamais lu en fait), il restait un mystère. Ecrit par un certain Mike Jenning dont on peut aisément supposer qu'il s'agit d'un pseudonyme (d'un auteur unique ? d'un collectif ?), le format copie celui des livres de Ian Fleming édités chez PLON. D'ailleurs, en avant-propos, nous avons l'information suivante : "Roman à la manière de Ian Fleming spécialement édité à l'intention des agents CALTEX et suivi d'un dossier confidentiel sur la publicité 1965". En guise d'éditeur, la couverture indique PASTICHE.

Lorsque l'on parcourt ce "dossier confidentiel sur la publicité 1965", il est possible de deviner que CALTEX est un produit pour moteurs automobiles. Voici ce qu'on peut lire : "Oui, le Sludge continue de sévir dans les moteurs. Le Sludge... Vous le connaissez, cette boue noirâtre qui freine le jeu des segments, diminue la compression et asphyxie les canalisations d'huile.
Votre meilleure arme : l'huile CALTEX anti-SLUDGE. Alors, prenez vite connaissance - dans les pages qui suivent - de votre mission spéciale 65 et des moyens publicitaires que nous mettons en oeuvre pour vous aider dans vos ventes".

"Sludge" signifie "boue" en anglais. Aujourd'hui, grâce à internet, il est possible de lever un peu le voile sur l'origine de ce livre. En fait, il semble être un support publicitaire pour une huile de moteur de voitures : CALTEX. S'agit-il de cette marque pétrolière du groupe américain Chevron qui a sa page wikipedia ICI ? A mon avis, il y a de fortes chances. Ici, le sludge devient une organisation criminelle et terroriste inspirée bien sûr par le S.P.E.C.T.R.E que James Bond affronte à partir de Thunderball (le livre). Le premier forfait du S.L.U.D.G.E auquel on assiste consiste en une panne généralisée de tous les véhicules (évidemment) sur les Champs Elysées et le centre de Paris. C'est idiot mais n'oublions pas que nous sommes dans le cadre d'une parodie servant de support publicitaire pour une huile de moteur automobile.

Et sinon, que vaut l'histoire en elle-même ? Qui que soit ce Mike Jenning, il est loin d'avoir la "manière" de Ian Fleming tel qu'il est annoncé, même dans la parodie. Que c'est mal écrit ! Que c'est ennuyeux ! Bien qu'il soit court, une centaine de pages seulement et entrecoupées de pauvres photographies illustratives en noir et blanc, il faut être motivé pour aller jusqu'à son terme. En ce qui me concerne, je n'y suis pas arrivé. Il est d'ailleurs rare que je ne finisse pas un livre  mais peut-on le considérer réellement comme tel ?

Reste qu'il est quand même assez étonnant de voir l'existence d'un tel objet, Ian Fleming parodié pour supporter une publicité au profit d'une huile de moteurs !

Les parodies cinématographiques de James Bond sont assez connues mais que ce soit Johnny English, Austin Powers ou quelques autres comme ce Bons baisers de Hong-Kong que l'on doit à nos Charlots nationaux, aucune ne m'a réellement convaincu. Pourtant dans ce dernier, Bernard Lee et Loïs Maxwell reprennent leur rôle de M et Miss Moneypenny et Rémy Julienne assure les cascades automobiles avant même de s'occuper de celles des James Bond, de For your eyes only à GoldenEye. Les caricatures livresques sont nettement moins célèbres et ce n'est pas celle dont il est question ici qui convaincra de l'intérêt du procédé.

Cela dit, si un visiteur peut apporter quelques informations supplémentaires sur ce 005 contre le S.L.U.D.G.E, il peut laisser un commentaire à la suite de l'article. Je le remercie d'avance.

Commentaires

  1. Diantre, le vieillard de service peut vous parler de ça, bien sûr...
    Caltex était une marque d'essence et d'huile. Il y avait des stations-service Caltex, un peu partout en France. Et en ces temps bénis, les stations-service (Elf et Total le feront à leur tour au début des années 70, par-là), offraient des livres à leurs clients. De vrais livres, oui, oui.
    Dans le cas qui nous occupe, figurez-vous que j'avais totalement oublié l'existence de celui-ci, mais je suis heureux que vous l'ayez exhumé car il peut -- en-dehors du fait qu'il n'ait pas d'intérêt, bien sûr -- vous donner une idée exacte de ce qu'a pu représenter la vague de Fleming à partir de, disons, 1963-1965. Bond était partout, absolument partout, et tous les clins d’œil étaient imaginables, à commencer par cette couverture, pastiche de celle de Plon que personne, alors, n'ignorait, puisque ces livres ont été vendus en quantité astronomique.
    Imaginez ce qu'a pu coûter à Caltex l'impression de ce livre (destiné à être offert) en milliers d'exemplaires (sans exclure un éventuel procès en contrefaçon intenté par Plon, ça, je ne sais pas) et ce que cette compagnie pouvait espérer comme retombées financières en échange de son investissement. C'est pourquoi j'insiste en parlant de l'importance du mythe Bond à cette période. C'était, et cela demeure, inimaginable.
    Conservez précieusement un tel document. De très nombreux automobilistes sont sûrement allés faire le plein chez Caltex, uniquement pour ça.

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  2. Décidément, vous êtes incollable sur Ian Fleming et tout ce qui tourne autour de lui. J'ignorais l'existence de ces stations-service Caltex, je ne suis pas assez vieux pour les avoir connu.
    Grâce à vous, le mystère qui entoure ce livre se résout.
    Je le conserve précieusement, ne vous en faites pas, même si son intérêt en tant que livre est très limité ; je suis quelqu'un d'assez précautionneux avec mes affaires et celles des autres aussi d'ailleurs.

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  3. Oh non, je ne suis pas incollable, mais je me souviens bien de ces années qui furent celles de ma pré-adolescence. Ce sont des années qui marquent.
    J'ajoute qu'en 1965, tant de gens ont vu le film Goldfinger avec son Aston-Martin de légende que, désormais, Bond égale (entre autres) voitures. Si bien qu'il n'y a rien de fondamentalement étonnant à ce qu'une marque d'essence prenne les choses en marche et enchaîne (on ne disait pas encore "surfe sur la vague de"). En définitive, même si, bien évidemment, le résultat est mauvais, il est assez remarquable qu'un trust pétrolier paie un ou des auteurs pour écrire un livre : ce n'est guère dans la manière de ces gens-là. On ne dira jamais assez qu'au même moment, les livres de Fleming s'arrachent littéralement dans les librairies.
    A propos du graphisme de la couverture, il faut savoir que Plon va, presque au même moment, s'auto-pasticher avec d'autres séries publiées dans le même format que les Fleming et sous une présentation similaire (Olivia, Le Vertueux ou encore les premiers SAS).

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  4. SAS, j'en ai lu un il y a bien longtemps, je n'ai pas insisté, c'était trop mauvais. Olivia et Le vertueux, je ne connais pas. Après quelques recherches sur internet, j'ai vu quelques titres : Le vertueux à Tahiti, Le vertueux chez les poulets, Le vertueux monte à Paris, ... Tout un programme ! Et Olivia, ça semble bien gratiné !

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  5. Effectivement, tout cela est gratiné... et même un peu brûlé. Ce que je vous indiquais, c'est la similitude des couvertures. Vous avez reconnu le graphisme, l'illustration qui, tous, évoquent la série des Fleming sous leur couverture d'alors. La différence n'es tpas grande. Il faut se replacer dans le contexte. Emporté par la vague fleminguienne, le lecteur se dit : "Oh, encore d'autres romans du même type". Ce n'est évidemment pas la même chose, oh non, pas du tout, même, mais ce qui compte pour l'éditeur, c'est que l'acheteur sorte son porte-monnaie. Après, cela n'a plus d'importance (pour l'éditeur).

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