Accéder au contenu principal

Murder by death (1976) - Robert Moore

Il y a une dizaine d'années, voyant la sortie de films plus ou moins rares en DVD, je m'étais dit que, peut-être, j'avais une chance de revoir un film que j'avais vu alors que j'avais entre 8 et 10 ans, je ne me rappelle pas exactement. Je l'avais vu seul à la télévision dans le salon alors que mes parents étaient dans la salle à manger avec des invités. L'ambiance était du type "meurtre au manoir" (celle du film, pas entre mes parents et les invités) et j'avais adoré. Il ne m'en restait cependant que peu de souvenirs même pas le titre : Le manoir, et l'image finale, celle d'un homme qui retirait un masque pour révéler en réalité un visage de femme. Dans le forum de feu Dvdrama, j'avais fait part de mes maigres souvenirs en demandant s'ils évoquaient quelque chose à quelqu'un. Très vite, un forumeur me répondit qu'il s'agissait de Un cadavre au dessert (Murder by death) et qu'il était même sorti en DVD. Je me mis alors à sa recherche pour le trouver finalement assez rapidement dans une boutique d'occasion.

La crainte était celle d'être déçu, de tels souvenirs d'enfance ayant parfois tendance à être embellis, mais ce fût loin d'être le cas ; Murder by death (son titre original) est un chef d’œuvre d'humour. Avant de revoir le film, j'étais déjà rassuré par l'exceptionnel casting qui réunit quelques pointures d'acteurs dont Alec Guinness, Peter Falk, Elsa Lanchester, David Niven, Maggie Smith et Peter Sellers. Il a aussi la particularité de compter avec eux Truman Capote, la seule fois où il tiendra un rôle au cinéma.

La crème des détectives est invitée au manoir d'un certain Lionel Twain (Truman capote) pour un dîner au cours duquel un meurtre sera commis.


Chacun des enquêteurs est un ersatz du genre. L'inspecteur Milo Perrier (James Coco) renvoie à Hercule Poirot, Jessica Marbles (Elsa Lanchester) à Miss Marple, Sam Diamond (Peter Falk) se situe entre Columbo et Sam Spade, Sidney Wang (Peter Sellers) fait référence à Charlie Chan et Dick Charleston (David Niven) à Nick Charles. Dès le début, au sein d'une atmosphère "orage qui gronde" et "portes qui grincent" dans une ambiance à l'humour très britannique, on se met en condition pour recueillir les indices qui seront nécessairement parsemés au fur et à mesure. Le majordome aveugle (Alec Guinness) cache forcément quelque chose tout comme chacun des convives, les yeux des personnages dans les tableaux accrochés aux murs suivent les protagonistes et d'autres événements étonnants surviennent. Pourquoi le corps du majordome retrouvé mort disparait ? Pourquoi Sam Diamond a un trou de balle dans le dos de sa veste ? Pourquoi lorsque certains personnages quittent la salle à manger est-elle vide quand ils y reviennent? Et finalement qui a assassiné Lionel Twain, le maître des lieux, qui tombe aux pieds des détectives un couteau de boucher dans le dos ?

Malgré l'humour constant dans les dialogues et les situations, on tente de coller les indices entre eux, de supposer des choses pour se rendre peu à peu compte qu'en réalité, il n'y a pas de logique. On commence réellement à douter du sérieux de l'intrigue lorsque le majordome aveugle est dans l'obligation de donner des instructions à la bonne... sourde et muette ; certainement l'un des moments les plus drôles de Murder by death. Les suppositions et théories élaborées par les protagonistes deviennent de plus en plus absurdes sans qu'on ne s'en rende compte forcément tout de suite, le scénario s'amuse avec les clichés des enquêtes à la Agatha Christie et en fin de compte se joue des spectateurs.


Le clou est enfoncé lorsque l'hôte lance à ses invités : "You've tricked and fooled your readers for years. You've tortured us with surprise endings that made no sense. You've introduced characters at the end that were'nt in the book before ! You've withheld clues and information that made it impossible for us to guess who did it. But now the tables are turned. Millions of angry mystery readers are now getting their revenge". Murder by death se moque ouvertement des astuces et facilités des romans policiers et il le fait avec talent.

C'est avec grand plaisir que j'ai récemment revu Murder by death. Les dialogues de la version originale sont la plupart du temps finement amusants et c'est l'un des rares films où je peux dire que la version française ne démérite pas. Elle a bénéficié d'un excellent travail de traduction et d'adaptation.


Commentaires

  1. Bonjour, j'ai a peu près le même départ que vous. Je me souviens d'un film vu à l'été 1983, 1984 ou 1985. J'écris cela car je faisais un job d'été. Ce film sortait de nulle part et était très drôle, d'un humour dont on avait pas l'habitude. On en avait beaucoup parlé le lendemain au boulot.Je me souviens de Peter Falk qui parlait de trou de balle (double jeu de mot) et qu'il disait souvent "je déteste les albanais". Et là en juin 2017, je me suis dit : "il faut que je revois ce film" et que je trouve le titre. Merci Google. J'ai toujours eu peur de le revoir de crainte de ne pas rire. Mais si j'en juge par votre commentaire, je risque une bonne surprise. Mais sur internet, j'ai vu un film de Peter Falk où il est question d'albanais (Tante Julia et le scribouillard). Est ce un clin d'oeil ou ma mémoire qui déraille?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour, le "trou de balle", c'est bien dans ce film mais l'expression "je déteste les albanais" ne me dit rien. Il faudrait que je revois le film pour en être certain. Cela dit, il est vraiment très bon, tel que je peux l'indiquer dans mon article. Comme vous dites, vous risquez une bonne surprise. Peut-être pouvez-vous toujours trouver le DVD en le commandant sur internet.

      Je ne connais pas Tante Julia et le scribouillard.

      Merci pour l'intérêt que vous avez eu pour

      Supprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Vertige (2011) - Franck Thilliez

J'ai découvert Franck Thilliez  il y a quelques années avec La chambre des morts , polar que j'avais apprécié lire. Plus tard, j'ai lu Train d'enfer pour ange rouge , thriller plutôt bien construit qui plonge le lecteur dans un univers qui se montre de plus en plus effrayant. J'ai achevé la lecture de  Vertige  récemment, son avant dernier livre qui me fait dire que l'auteur s'est amélioré entre ses premières œuvres et celle-ci ; Avec toujours ce goût pour les descriptions de scènes et situations morbides. Jonathan Touvier se réveille au fond d'une grotte glacée. Il est attaché au poignet par une chaîne qui restreint considérablement son champs de déplacement. Il y a son chien aussi, endormi et qui ne tardera pas à sortir du sommeil dans lequel il a été plongé. Deux autres hommes aussi se réveillent dans le même lieu : Farid, qui lui est enchaîné à la cheville et Michel, libre de ses mouvements mais qui a un masque de fer fixé autour de la tête. P

Licence to kill (1989) - John Glen

Licence to kill est le premier James Bond que j'ai vu au cinéma. A l'époque, j'avais été un peu déçu, le canevas scénaristique étant similaire à de nombreuses productions cinématographiques des années quatre-vingts, à savoir une histoire de vengeance sur fond de trafic de drogue. Depuis, je l'ai revu à la hausse. En effet, bien qu'il s'agisse pour la première fois d'un titre non issu des écrits de Ian Fleming, il me semble plutôt fidèle à l'esprit du créateur de James Bond. Il s'inspire d'ailleurs d'éléments qui avaient été ignorés dans les précédentes adaptations, en premier lieu la mutilation de Felix Leiter ( David Hedison ), jeté dans la mâchoire d'un requin, événement dramatique qui intervient dans le roman Live and let die mais entièrement ignoré dans sa pitoyable adaptation de 1973 . Dans Licence to kill , Leiter est jeté au requin alors qu'il vient tout juste de se marier. Parallèlement, Della, son épouse, sera t

Bad taste (1987) - Peter Jackson

" Un film de Peter Jackson le réalisateur du Seigneur des anneaux ", voilà ce qu'on peut lire sur la boite du DVD sorti en 2006 de Bad taste . Si Peter Jackson est bien le réalisateur des deux films, je n'ai pu que m'amuser devant l'affirmation opportuniste insérée ici car les deux longs métrages n'ont rien en commun si ce n'est, effectivement, d'avoir le même metteur en scène. Quelques années auparavant, la trilogie The lord of the rings avait fait un carton en salle, et visiblement, le distributeur de Bad taste entendait en profiter pour vendre quelques galettes. Personnellement, j'étais ravi de voir le premier film de Peter Jackson en DVD car depuis sa sortie dans les années quatre vingts, j'admire son thème parfaitement idiot, sa mise en scène outrancière, son humour potache et cradingue, ses délires gores, et tout cela fait dans un total amateurisme avec une bande de copains. Des extraterrestres carnivores ont décimé