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Lone wolf (2006) - Linwood Barclay

"Ce mardi-là, pendant que nous déjeunons, Trixie Snelling semble préoccupée. Pour tuer le temps, elle me raconte qu'elle écume les boutiques de déguisements afin de se procurer une arête osseuse frontale et satisfaire un client qui aime être dominé par une Klingon.
- Dans la série Star Trek, il y avait bien ces deux nanas klingon et ce chauve qui était le commandant ? me demande Trixie, qui sait que je suis une sorte d'autorité en matière de science-fiction.
- Ouais. Lursa et B'Etor Duras Deux sœurs humanoïdes. Elles essayaient d'éliminer le chancelier Gowron du Haut Conseil klingon.
Je marque une pause avant d'ajouter :
- Elles aimaient le cuir et les décolletés pigeonnants.
- De ce côté-là, ça va, rétorque-t-elle avec un petit mouvement de tête qui m'indique que mes connaissances approfondies ne l'impressionnent pas.
Parfois, je me demande pourquoi le cerveau rejette des informations importantes pour ne retenir que des bêtises."

C'est une plongée dans l'Amérique profonde que Linwood Barclay convie le lecteur, celle des rednecks et des adeptes des théories du complot, non sans faire preuve d'un humour sarcastique à travers les réflexions du personnage principal, Zack Walker. Il s'agit d'un journaliste qui enquête sur le meurtre d'un homme que l'on a visiblement tenté de maquiller en attaque d'ours.

La narration est faite à la première personne du singulier, ce qui, de nos jours, est devenu peu courant ; me semble t-il du moins. Le procédé permet pourtant de renforcer le sentiment d'identification et d'implication dans cette découverte d'une bourgade américaine où le brûlant débat du moment concerne la participation d'une association de défense des homosexuels au défilé annuel de la ville. Impossible, non plus, de ne pas se sentir concerné (et rire) devant la flagrante incompétence du shérif local, comme de s'inquiéter fortement quand un chef de famille bas du front, raciste et admirateur de Timothy McVeigh, entrave la liberté d'aller et venir de ses enfants et petits-enfants jusqu'à prendre en main leur éducation en les interdisant d'aller à l'école. Un tel comportement de la part d'un admirateur de l'auteur de l'attentat d'Oklahoma City a de quoi foutre un peu les boules, quand même.

Ainsi, sous des allures de paisible petite ville, il se passe décidément beaucoup d'événements du côté de Crystal Lake et de plus en plus, on peut sentir la pression monter de toutes parts, une pression qui risque bien d'exploser à n'importe quel endroit. Lone wolf est donc un polar à la fois drôle, intrigant et tendu, teinté de couleurs sociales et politiques.

Visiblement, il s'agit du troisième roman où apparait le journaliste Zack Walker. Quelques détails rappellent sans que ce soit gênant pour sa compréhension les histoires précédentes. Celui-ci m'ayant fait une très bonne impression et le personnage principal étant fortement sympathique, profondément humain avec ses qualités et ses défauts, j'ai bien envie de m'intéresser plus profondément aux autres livres où il apparait.

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