Accéder au contenu principal

Maniac (1980) - William Lustig

Quand le magnétoscope est arrivé au milieu des années 80 à la maison, je n'avais que 11 ans et à la question "Quel film veux-tu qu'on te loue ?" posée par mes parents, j'ai répondu "un film d'horreur". Le vidéo club représentait pour moi la possibilité de voir des films qui ne passaient pas à la télévision ou qu'on m'empêchait de voir au cinéma.

J'avais vraiment envie de voir des films d'horreur et d'épouvante, mes parents étaient moins disposés à m'en permettre l'accès. Je me souviens, ils m'avaient empêché de regarder les classiques Frankenstein et Dracula tout comme le Nosferatu, fantôme de la nuit de Werner Herzog diffusés à la télévision. Même Gremlins sorti à la fin de l'année 1984 m'avait été interdit au cinéma sous prétexte que ces monstres risquaient de me traumatiser. Ne me restait alors qu'à admirer les photos et lire les résumés de ces films dans les magazines tout en ravalant ma frustration. 

Pourtant, étonnamment, je me souviens qu'ils m'avaient autorisé à regarder avec eux lors d'une diffusion télé The Amityville horror qui m'avait fait forte impression alors que je n'avais pas 10 ans. Quoi qu'il en soit, ils n'ont eu aucune intention de répondre à ma demande mais ont cherché une sorte de compromis en me louant une comédie avec un fantôme dont le titre était : "Y a t-il un fantôme dans mon lit ?". L'histoire est celle d'un fantôme lubrique qui passe son temps à pincer les fesses et reluquer les courbes des femmes qui passent leur nuit dans le château qu'il hante. Humour bas de plafond et en dessous de la ceinture animent le film et moi de m'amuser devant la consternation de mes parents. "Si vous m'aviez loué un vrai film d'horreur, il n'y aurait pas eu de mauvaises surprises !".

Quelques semaines plus tard, ils revenaient du vidéo-club avec une VHS où le titre, L'aube des zombies, dominait une affiche où une momie sortait d'une étendue de sable sur un fond de nuit de pleine lune. Ce premier film d'horreur m'avait scotché avec sa momie revenue d'entre les morts s'attaquant à la population en compagnie de ses anciens esclaves surgissant des profondeurs des déserts égyptiens. Je l'ai revu depuis et ce n'est en réalité pas très bon mais la porte était ouverte aux monstres en tous genres, morts-vivants, extraterrestres sanguinaires, tueurs en série, demeures hantées, savants fous et autres réjouissances du même acabit. J'ai vu autant de chefs d'oeuvre que de navets m'efforçant quand même de privilégier les films faisant référence.


Pourtant aujourd'hui, il me reste encore quelques classiques et incontournables à voir et Maniac faisait partie de la liste jusqu'à ce que je mette le DVD acheté récemment pour une modique somme dans le lecteur. La crainte quand on découvre un "classique" bien des années plus tard, c'est qu'il ait perdu de son efficacité en raison de la surenchère qu'ils provoquent dans les productions du même genre. Avec Maniac, il n'en est rien tant le film est glauque, malsain.

On suit Frank Zito (Joe Spinell), un marginal solitaire perturbé par des pulsions meurtrières qu'il soulage en tuant et scalpant de jolies jeunes femmes. Rentré chez lui, il couvre des mannequins de vitrine de ses scalps et les installe dans une mise en scène sordide. On apprend rapidement qu'il a vécu son enfance sous l'emprise d'une mère traumatisante.

Bien sûr, un tel scénario rappelle Psycho d'Alfred Hitchcock mais on est 20 ans plus tard et la violence se fait plus graphique et nettement plus brutale. C'est Tom Savini qui s'est occupé des maquillages sanglants. Les amateurs de films d'horreur n'auront aucun mal à reconnaître sa patte, certains effets rappelant indéniablement ce qu'il a pu réaliser pour Dawn of the dead ou Friday the 13th. Il tient également un rôle dans le film et il s'y est réservé une mort de choix : sa tête explose complètement par le tir d'un coup de fusil. Saisissant ! On l'imagine bien amusé à concevoir sa propre tête explosive remplie de faux sang...


Ce qui fait surtout la force du film de William Lustig est que presque tout est mis en scène du point de vue du psychopathe. En plus d'être un procédé troublant pour le spectateur, il créé une tension permanente. On ne sait jamais quand Frank Zito va basculer dans un moment de folie tant le metteur en scène prend son temps pour installer l'ambiance avant chaque meurtre à l'image de ce passage dans le métro où l'antihéros suit une jeune infirmière, telle une bête traquant sa proie.

Le premier rôle féminin est interprétée par Caroline Munro. Cherchait-elle à casser son image de Bond girl de The spy who loved me en jouant trois ans plus tard dans un film aux antipodes d'un James Bond ? Quoi qu'il en soit, elle est aujourd'hui plus connue pour sa carrière dans le cinéma bis et Z qu'autre chose.

Quant à Joe Spinell qu'on a pu voir aussi dans les deux premiers Godfather et les deux premiers Rocky, il mourra neuf ans plus tard. Il restera à jamais le terrible Frank Zito de Maniac.

Coïncidence, en cherchant l'affiche du film sur internet pour illustrer mon article, j'ai appris qu'un remake allait sortir au mois de décembre. Ainsi, la liste des remakes et autres reboots du cinéma de genre des années 70 et 80 continue de s'allonger.


Commentaires

  1. Excellent article et approche originale.

    "Maniac" reste encore aujourd'hui comme l'un des plus grands films d'épouvante, au même titre que "Massacre à la tronçonneuse", "Zombie" ou encore "Schizophrenia"...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci.

      Je viens de parcourir ton blog Culte7art. Intéressant, je le consulterai plus longuement quand j'aurai un peu plus de temps. Alors, toi aussi, tu as vu "Terreur extraterrestre" et "Frankenstein 90 " ! (Rires).

      En revanche, je n'ai pas vu "Schizophrenia".

      Supprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Vertige (2011) - Franck Thilliez

J'ai découvert Franck Thilliez  il y a quelques années avec La chambre des morts , polar que j'avais apprécié lire. Plus tard, j'ai lu Train d'enfer pour ange rouge , thriller plutôt bien construit qui plonge le lecteur dans un univers qui se montre de plus en plus effrayant. J'ai achevé la lecture de  Vertige  récemment, son avant dernier livre qui me fait dire que l'auteur s'est amélioré entre ses premières œuvres et celle-ci ; Avec toujours ce goût pour les descriptions de scènes et situations morbides. Jonathan Touvier se réveille au fond d'une grotte glacée. Il est attaché au poignet par une chaîne qui restreint considérablement son champs de déplacement. Il y a son chien aussi, endormi et qui ne tardera pas à sortir du sommeil dans lequel il a été plongé. Deux autres hommes aussi se réveillent dans le même lieu : Farid, qui lui est enchaîné à la cheville et Michel, libre de ses mouvements mais qui a un masque de fer fixé autour de la tête. P

Licence to kill (1989) - John Glen

Licence to kill est le premier James Bond que j'ai vu au cinéma. A l'époque, j'avais été un peu déçu, le canevas scénaristique étant similaire à de nombreuses productions cinématographiques des années quatre-vingts, à savoir une histoire de vengeance sur fond de trafic de drogue. Depuis, je l'ai revu à la hausse. En effet, bien qu'il s'agisse pour la première fois d'un titre non issu des écrits de Ian Fleming, il me semble plutôt fidèle à l'esprit du créateur de James Bond. Il s'inspire d'ailleurs d'éléments qui avaient été ignorés dans les précédentes adaptations, en premier lieu la mutilation de Felix Leiter ( David Hedison ), jeté dans la mâchoire d'un requin, événement dramatique qui intervient dans le roman Live and let die mais entièrement ignoré dans sa pitoyable adaptation de 1973 . Dans Licence to kill , Leiter est jeté au requin alors qu'il vient tout juste de se marier. Parallèlement, Della, son épouse, sera t

Casino Royale (1953) - Ian Fleming

Avant propos : la quasi intégralité de cet article a été rédigée avant le week-end James Bond au Touquet . C'est l'organisation de ce week-end qui m'a motivé pour me plonger à nouveau dans les origines de 007 plus de 20 ans après les avoir lu. Il y a quelques similitudes avec les propos de Jacques Layani lors de sa conférence du 8 octobre dernier mais en aucune façon, je n'ai copié ou récupéré ce qu'il a pu dire sur Ian Fleming et James Bond. Je tenais à le préciser afin d'éviter tout malentendu avec celles et ceux qui ont assisté à la conférence ainsi qu'avec Jacques Layani lui même. " L'odeur d'un casino, mélange de fumée et de sueur, devient nauséabonde à trois heures du matin. L'usure nerveuse causée par le jeu - complexe de rapacité, de peur et de tension - devient insupportable ; les sens se réveillent et se révoltent. " C'est par ces mots que commence en 1953 la toute première intrigue de James Bond 007 imaginée par