Accéder au contenu principal

James Bond - Le club James Bond France : Le Bond n°27

1988 : J'ai 14 ans. Antenne 2 diffuse Dr No, le tout premier film des aventures de 007. C'est un petit événement. A l'époque, on ne croulait pas sous les chaînes de télévision et seul Canal + programmait de façon régulière les films de James Bond. Rares étaient les diffusions de ces films sur les autres chaînes. The spy who loved me avait été diffusé en 1984 ou 1985. Je m'en souviens, je l'avais vu. J'avais vu aussi The living daylights, je l'avais loué en VHS. Mais c'est en voyant le tout premier James Bond que j'ai attrapé la bondmania. Voir le héros du film abattre froidement de plusieurs balles un homme désarmé, c'était... comment dire... choquant.

Pourtant, j'en avais vu déjà des films violents mais cette simple scène, par sa redoutable efficacité, m'avait scotché. James Bond, à l'origine, ce n'était donc pas cet espion qui remplissait ses missions à l'aide de gadgets et de bons mots ? C'était ce personnage froid et pas forcément sympathique qui évoluait dans le monde réel de la guerre froide (du moins à mes yeux d'adolescent de 14 ans) ? James Bond, ça me parut d'un coup incroyablement adulte.

Dr No (1962) - Terence Young

Dès lors, je voulais voir tous les films et lire l'intégralité des romans de Ian Fleming. Ce que je fis et je fus loin d'en rester là. Ma passion pour le personnage et son univers fut telle que mes amis m'appellent James et que ma mère m'offrit  une bague gravée de ce surnom qui me vient de mon professeur d'allemand en classe de seconde au lycée Eugène Woillez de Montreuil-sur-Mer. Monsieur Bonnard, si vous passez par ici... D'ailleurs, Ian Fleming fait traverser la ville à James Bond au volant de sa voiture dans le roman On her Majesty's secret service. Dans ma relecture actuelle de l'oeuvre du créateur de 007, je ne suis pas encore arrivé à celui-ci mais il me semble que Ian Fleming y décrit ses rues pavées, ce qui est un élément tout à fait exact. Comme quoi, il n'y a pas que Jean Valjean et Victor Hugo qui soient passés par là.

Il y a eu en France deux clubs James Bond et j'avais adhéré aux deux. Puis, petit à petit, je me suis lassé. Après la période excitante qu'avait été la réapparition de l'agent secret au cinéma en 1995 sous les traits de Pierce Brosnan dans le très réussi GoldenEye, aucun des trois films qui suivirent ne m'enthousiasmèrent de la même façon. Je laissais de côté James Bond après Die another day qui renvoyait aux pires heures de Roger Moore (Moonraker), la direction prise ne m'intéressant plus. J'étais aussi lassé des multiples visionnages des anciens films... tout en gardant quand même un oeil sur l'actualité bondienne.



Je retrouvai de la ferveur bondienne avec Casino Royale. Si je fus sceptique à l'annonce de l'arrivée de Daniel Craig dans le rôle, mes inquiétudes furent dissipées dès les premières minutes du film. La bondmania me rattrapait. Même si Quantum of solace a pu décevoir 2 ans plus tard, Daniel Craig m'apparaissait toujours aussi charismatique à l'écran. Je me relançai alors de nouveau au visionnage de toute la saga cinématographique à un rythme guidé uniquement par l'envie de voir un Bond et je revis ainsi les 22 films en un peu moins d'un an et demi.

Je ressentis alors le besoin de revenir à Fleming, une envie qui précéda de peu le week-end James Bond début d'octobre 2011 où Jacques Layani, auteur de On ne lit que deux fois Ian Fleming, a exposé sa vision du créateur de 007. Définitivement, la bondmania s'était à nouveau emparé de moi. Le Club James Bond étant présent, je demandai un bulletin d'adhésion et c'est avec un grand plaisir que j'ai reçu il y a quelques jours le n°27 du magazine du club ainsi que la carte "Gold member". Je suis le n°085 ("I am not a number" crierait un autre agent secret). Je suis d'autant plus content qu'il s'agit d'un numéro spécial "50 ans avec James Bond". Les auteurs ont rédigé un panorama de toutes ces années et globalement, je rejoins les commentaires qui sont faits sur chaque film et chaque période. Seul petit bémol, Never say never again n'a pas eu droit à son encart, ceux-ci étant réservé aux films EON.



Alors, pourquoi je n'ai jamais vraiment abandonné James Bond depuis 1988 ? Après m'être interrogé maintes fois sur les raisons de ma fascination pour le personnage, j'ai fini par la seule conclusion possible : James Bond est le fantasme masculin absolu.

Et les membres de Scouting for girls l'ont très bien compris.



Je finirai quand même par rappeler qu'il ne faut pas oublier les livres de Ian Fleming, l'origine de tout cet univers. Actuellement en pleine relecture (l'article concernant Dr No ne va pas tarder), je me rends compte à nouveau que ce sont des romans d'aventures formidables.

Texte : Gaspard (twitter : @Gaspard01)
Photos : JustmeFanny (twitter : @JustmeFanny)

Commentaires

  1. Je ne suis pas certain qu'il s'agisse d'un fantasme, vous savez. Pas en ce qui me concerne, en tout cas. Vraiment pas. Mes raisons d'aimer les livres, je les ai exposées dans ce modeste livre que vous connaissez. Mes raisons d'aimer les films -- et de les aimer bien moins que les livres, d'ailleurs -- tiennent surtout au spectacle (par exemple, des poursuites qui nous laissent sans voix, des bagarres magnifiquement chorégraphiées) et à l'imagination des scénaristes pour renouveler les histoires (pas toujours suffisamment, d'ailleurs).

    RépondreSupprimer
  2. Je voudrais ajouter ce que j'ai déjà dit dans un forum aujourd'hui disparu. Dans les années 60, lorsque sortent les tout-premiers films, on marche à fond. Il n'est pas question, comme aujourd'hui, de détailler le tournage, de remarquer l'humour, la distance, etc. Le public est littéralement épaté, il marche entièrement, sans un soupçon de regard critique. On ne voit pas les transparences, les choses éventuellement mal réalisées, comme on le voit à présent parce que le regard a changé, que le spectateur en a vu d'autres et qu'il est moins naïf. Les défauts que l'on reproche maintenant au film Goldfinger, personne ne les voit. Le film snobe tout le monde : à Marseille, où j'habite alors, il y a la queue devant le cinéma, jusqu'au coin de rue suivant (ce qui n'arrive jamais à Marseille, en tout cas pas à l'époque). Et voilà que la queue se prolonge jusque devant la vitrine d'un grand magasin, dans laquelle est exposée l'Aston Martin qui est déjà une légende. On est totalement sous le charme, on y croit réellement. Autre exemple, je me rappelle mon oncle disant à mon père, à propos de Bons baisers de Russie et de la poursuite de Bond et Tatiana Romanova par les bateaux du Spectre : "Ils ont mis le feu à la mer ! Le feu à la mer". Cette dimension de rêve ne se renouvellera plus (du moins à ce point) et ce n'est pas plus mal, mais je ne suis pas mécontent de l'avoir vécue.

    RépondreSupprimer
  3. Bonjour Jacques,

    Cette histoire de fantasme, c'est un plus un trait d'humour qu'autre chose mais il n'empêche que je me pose réellement la question. Pourquoi, 24 ans plus tard, je suis toujours aussi passionné par ce personnage ? Je ne suis plus un ado tout de même ! (rires)

    Il y a eu aussi quelques autres héros fictifs qui m'ont passionné mais pour lesquels je ne ressens plus le même enthousiasme. C'est le cas par exemple de Tintin... mais peut-être que le passé rexiste de Hergé me gêne. Ceci dit, je suis loin de partager le conservatisme de de Fleming.

    De plus, il faut aussi reconnaître que les films mettant en scène James Bond depuis le début ne font pas partie des chefs-d'oeuvre du 7ème art. Ce sont au mieux de très bons divertissements (pas tous quand même, pour exemple, Live and let die, quel navet !).

    Ce que je regrette surtout, c'est que James Bond au cinéma soit parfois réduit à de simples gimmicks (vodka-martini shaken not stirred) alors que le personnage développé par Fleming est assez incroyable, tout en restant dans le domaine du crédible. Vous l'expliquez très bien dans votre livre.

    Vous dites : "Dans les années 60, lorsque sortent les tout-premiers films, on marche à fond (...)Le public est littéralement épaté, il marche entièrement, sans un soupçon de regard critique. On ne voit pas les transparences, les choses éventuellement mal réalisées". La façon de réaliser les long métrages, de les écrire, de les monter a changé, les effets-spéciaux ont énormément évolué bien sûr mais devant un film, j'essaie toujours de me mettre intellectuellement dans la période où il a été tourné. C'est de cette façon que j'essaie de voir n'importe quel film, ce n'est pas toujours évident mais ça permet d'en apprécier au mieux ses qualités (quand il y en a). D'ailleurs, les films de James Bond ont participé à l'évolution du cinéma d'aventures depuis les années 60. Truffaut avait affirmé que Dr No, c'était la décadence du cinéma. Qui peut encore penser cela aujourd'hui ?

    J'imagine bien qu'on puisse être impressionné par la poursuite en bateaux de From Russia with love. "Ils ont mis le feu à la mer !" Mais aujourd'hui encore, ces flammes sur l'eau sont surprenantes. J'ai vu From Russia with love peu de temps après Dr No (Antenne 2 l'avait diffusé 2 ou 3 semaines après). Je me souviens m'être acclamé : "Ouuaahh!". Et encore aujourd'hui, c'est un de mes moments bondiens préférés.

    Aujourd'hui, dans le cinéma de divertissement, on en a vu beaucoup, les limites ont été poussées et repoussées mais il y a encore une petite place à cette dimension de rêve. C'est plus rare parce que nous ne sommes plus des mômes mais il y a encore des films d'aventures qui donnent le sourire.

    Amitiés.

    Sébastien

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Vertige (2011) - Franck Thilliez

J'ai découvert Franck Thilliez  il y a quelques années avec La chambre des morts , polar que j'avais apprécié lire. Plus tard, j'ai lu Train d'enfer pour ange rouge , thriller plutôt bien construit qui plonge le lecteur dans un univers qui se montre de plus en plus effrayant. J'ai achevé la lecture de  Vertige  récemment, son avant dernier livre qui me fait dire que l'auteur s'est amélioré entre ses premières œuvres et celle-ci ; Avec toujours ce goût pour les descriptions de scènes et situations morbides. Jonathan Touvier se réveille au fond d'une grotte glacée. Il est attaché au poignet par une chaîne qui restreint considérablement son champs de déplacement. Il y a son chien aussi, endormi et qui ne tardera pas à sortir du sommeil dans lequel il a été plongé. Deux autres hommes aussi se réveillent dans le même lieu : Farid, qui lui est enchaîné à la cheville et Michel, libre de ses mouvements mais qui a un masque de fer fixé autour de la tête. P

Malevil (1981) - Christian de Chalonge

Dans mon enfance, il y a quelques films qui m'ont marqué mais pour chacun d'entre eux ne me restait qu'une image : un être amphibie nageant au fond d'un lac ( The creature from the black lagoon ), une femme habillée en cow-boy face à des hommes menaçants ( Johnny Guitar ), un homme qui retire un masque pour révéler un visage de femme qui rit en regardant des voitures s'éloigner de son manoir ( Murder by death ), une communauté vivant dans les catacombes de Paris ( Les gaspards )  et enfin un décor apocalyptique où tentent de survivre une poignée de personnes ( Malevil ). Ces long-métrages étant loin de bénéficier d'une diffusion télé annuelle, les occasions de les revoir furent nulles et leur souvenir se perdit dans les tréfonds de ma mémoire pour se résumer à ces quelques images. Pourquoi ceux-là ? Leur originalité propre a dû marquer mon imaginaire. Avec l'apparition du dvd et constatant la sortie de titres rares et oubliés, ces films remontèrent à la

Moonraker (1979) - Lewis Gilbert

Moonraker s'ouvre sur la subtilisation d'une navette spatiale transportée par avion entre les Etats-Unis et l'Angleterre. S'en suit une séquence où James Bond est surpris par des ennemis et éjecté sans parachute d'un avion. Dans sa chute libre, il affronte un homme de main pour tenter de récupérer un parachute. Puis c'est Jaws ( Richard Kiel ), qui refait son apparition dans ce film après avoir survécu à la destruction du repère de Karl Stromberg dans The spy who loved me qui s'en prend à lui. Cassant la poignée de son parachute en tentant de l'ouvrir, Jaws finira sa chute sur le chapiteau d'un cirque. Tout Moonraker est à l'image de son prégénérique, une succession de scènes plus ou moins spectaculaires qui s'achèvent systématiquement en clowneries. Même Jaws, pourtant si inquiétant et effrayant dans The spy who loved me , est ici prétexte à un humour de collégien jusqu'à lui faire avoir un coup de foudre pour une blondinette