Accéder au contenu principal

Rêver (2016) - Franck Thilliez

"D'une main tremblante, Abigaël Durnan sortit une Marlboro de son paquet et la planta entre ses lèvres. Le déclic provoqué par le briquet Zippo monopolisa son attention. Elle ne fumait pas, mais elle avait appris  à voir, écouter, sentir comme nul autre, et cette fois encore, chaque détail de son environnement revêtait son importance.
Autour d'elle, le triage-lavoir abandonné brûlait. Les flammes rouges couraient comme des dizaines de diables le long des murs crasseux. Ils croquaient les poutres usées, jonglaient avec les braises, crachaient leurs rouleaux de fumée noirâtre. Plus aucun moyen de redescendre par l'escalier en feu ni aucune autre issue. Abigaël se retrouvait piégée ici, à plus de quinze mètres de haut au milieu de nulle part, et personne n'entendrait ses cris. Bientôt, elle brûlerait vive. "

Avant la première page de son nouveau thriller, Franck Thilliez prévient le lecteur : il y a des précautions à prendre, comme prêter attention à une petite goutte noire qui indique le moment où se déroule l'action en début de certains chapitres. Il signale aussi "que l'on passe du chapitre 56 au chapitre 58 (...) et je vous donne rendez-vous à la fin du roman pour en découvrir la raison." Ensuite, le lecteur apprend très vite que le personnage central est narcoleptique, qu'elle confond rêve et réalité et qu'en raison d'un médicament qu'elle prend pour soigner sa maladie, elle perd de plus en plus la mémoire.

En raison de ces paramètres, dès le début, je me suis dit que la lecture de Rêver allait être compliquée. Eh bien, pas du tout. Cette histoire d'enlèvements d'enfants se lit avec une fluidité remarquable, à tel point que je suis passé des chapitres 56 à 58 sans remarquer l'absence du cinquante-septième chapitre. Il y a bien des passages où je me suis demandé si ce que vivait la psychologue criminelle Abigaël Durnan, était réel ou rêvé mais c'est le principal enjeu de ce thriller ; et Franck Thilliez est suffisamment intelligent et machiavélique pour happer le lecteur dans les méandres de son imagination démoniaque.

J'ai apprécié également la référence à Freddy Krueger, le croquemitaine des Griffes de la nuit et des nombreuses suites sorties. Elle colle impeccablement à Rêver, où la distinction entre rêve et réalité est constamment incertaine.

De Rêver, Franck Thilliez a fait un jeu de piste. Au fil des pages, c'est de plus en plus évident. Mais, le jeu va au delà de la simple lecture. S'il vous intéresse, lancez-vous. C'est vraiment excellent.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Vertige (2011) - Franck Thilliez

J'ai découvert Franck Thilliez  il y a quelques années avec La chambre des morts , polar que j'avais apprécié lire. Plus tard, j'ai lu Train d'enfer pour ange rouge , thriller plutôt bien construit qui plonge le lecteur dans un univers qui se montre de plus en plus effrayant. J'ai achevé la lecture de  Vertige  récemment, son avant dernier livre qui me fait dire que l'auteur s'est amélioré entre ses premières œuvres et celle-ci ; Avec toujours ce goût pour les descriptions de scènes et situations morbides. Jonathan Touvier se réveille au fond d'une grotte glacée. Il est attaché au poignet par une chaîne qui restreint considérablement son champs de déplacement. Il y a son chien aussi, endormi et qui ne tardera pas à sortir du sommeil dans lequel il a été plongé. Deux autres hommes aussi se réveillent dans le même lieu : Farid, qui lui est enchaîné à la cheville et Michel, libre de ses mouvements mais qui a un masque de fer fixé autour de la tête. P...

Night of the living dead (1968), Zombie (1978), Day of the dead (1985) - George A. Romero

En apprenant la mort de George A. Romero le 16 juillet 2017, j'ai tenu à lui rendre mon petit hommage en regardant à nouveau sa trilogie des morts vivants : Night of the living dead , Zombie et Day of the dead . C'était surtout l'occasion de revoir des films qui m'amusent beaucoup et de les partager avec Stéphanie qui ne les avait jamais vu... Lorsqu'on lit un sujet sur Night of the living dead , il y a de grandes chances que soit signalé, derrière son aspect film d'horreur, son propos contestataire, à savoir la destruction symbolique de la famille traditionnelle et son antiracisme du fait que le héros soit joué par un acteur noir, Duane Jones, chose rare effectivement à l'époque. Personnellement, j'ai toujours douté de ces intentions prêtées à George A. Romero. D'abord, il a toujours affirmé qu'il avait choisi Duane Jones pour ses talents d'acteur ; ce qui est cependant la preuve d'une ouverture d'esprit de sa part...

Shaken and stirred : The David Arnold James Bond project (1997) - David Arnold

Le titre de l'album est un clin d’œil à "Shaken not stirred", la formule de James Bond à chaque commande de Vodka Martini. Les thèmes bondiens sont passés à la moulinette sous la direction du compositeur David Arnold. Celui-ci a confectionné les bandes originales de  Tomorrow never dies , The world is not enough , Die another day et Casino Royale . Il a apporté à ces films un son électronique moderne et dynamique pour revenir à une partition plus classique sur le dernier, changement d'acteur et de direction. Shaken and stirred : The David Arnold James Bond project est un album conceptuel de reprises de titres bondiens avec des artistes de musique rock et électronique. Un très bon disque en phase avec son époque et ce qu'il se faisait il y a vingt ans. Aujourd'hui, il est encore parfaitement écoutable et bouillonne toujours d'énergie. Son point fort est toujours, à mon avis, la revisite de On her Majesty's secret service de Propellerhe...