Sean Connery ne souhaitant plus interpréter James Bond, il a fallu le remplacer et c'est sur George Lazenby que s'est arrêté le choix des producteurs. Dommage. S'il est bon dans les scènes physiques, s'il n'est pas aussi mauvais acteur qu'on a bien pu l'affirmer, il ne parvient jamais à convaincre entièrement malgré l'humanité qu'il donne à son personnage, ce que Sean Connery n'avait pas eu l'occasion de mettre en avant. En ce qui me concerne, le principal problème de George Lazenby est son visage. Le nez tordu vers la gauche et le menton vers la droite, oreilles décollées et gros grain de beauté sur la joue, il affiche une tronche qui va de travers. C'est assez gênant pour jouer les espions romantiques tombant amoureux de la formidable Teresa Di Vincenzo, un amour réciproque qui se conclura par un mariage... et la mort.
C'est bien là le seul défaut majeur de On her Majesty's secret service qui est peut-être l'unique adaptation ayant réussi à capter ce que j'appelle "l'esprit Fleming". Malgré quelques modifications par rapport au roman d'origine, le film lui est très fidèle et mis à part donc George Lazenby, les acteurs ont été pertinemment bien choisis. Diana Rigg a ce charmant charisme pour devenir la future Madame Bond, Gabriele Ferzetti est parfait dans le rôle du chef de l'Union corse Marc-Ange Draco et Telly Savalas devance de loin les autres interprètes de Blofeld, l'un des ennemis les plus marquants de James Bond.
On her Majesty's secret service soigne l'ambiance. Plusieurs passages permettent de voir évoluer un James Bond hors mission à travers la romance qu'il vit avec Teresa di Vincenzo, le Piz Gloria, repère de Blofeld au sommet des montagnes alpines, baigne dans une atmosphère mystérieuse et inquiétante et les scènes d'action comptent parmi les meilleures que la saga ait offertes. Les poursuites en ski, nombreuses, sont trépidantes et mettent en avant la beauté des montagnes enneigées. J'ai toujours été en admiration devant ces moments, un vrai plaisir pour les yeux. Il convient donc de mentionner la formidable mise en scène de Peter Hunt, aussi à l'aise dans les scènes intimistes que dans les scènes d'action, dans les lieux clos que dans les grands espaces. L'ensemble est soutenu par l'une des meilleures bandes originales de John Barry et la chanson de Louis Armstrong, We have all the time in the world, compte parmi les plus jolis thèmes bondiens.
Pour la 1ère fois, un James Bond se conclut sur une note tragique. Alors que l'agent secret et Teresa viennent de se marier et qu'ils convolent pour leurs noces à l'intérieur d'une Aston Martin DBS, Teresa se fait tuer par Blofeld et l'affreuse Irma Bunt. Le générique de fin commence sur l'image de l'Aston Martin DBS percée d'un impact de balle. Cette scène finale, ce dernier plan, même si j'ai toujours su qu'il existait avant même d'avoir vu le film la première fois, me laisse toujours sans voix. Quelques secondes silencieuses avant que ne débute un James Bond theme aux notes retenues.
Comme pour les précédents opus, je n'ai jamais vu On her Majesty's secret service avec une telle image. Magnifique et rend hommage aux nombreuses séquences de montagnes absolument splendides. Pendant tout le film, les couleurs sont de toute beauté et malgré l'âge du film, on pourrait penser qu'il a été réalisé ces derniers mois.
Je ne me rappelle pas très bien mon sentiment de 1969. Pour moi, pour des millions d'autres à cette époque, Bond, c'était Sean Connery, ça ne se discutait même pas. Je crois que nous imaginions alors, bien naïvement, qu'il jouerait le rôle toute sa vie (ce à quoi, précisément, il a voulu échapper, mais nous ne le savions pas). On attendait l'adaptation de tous les Fleming, toujours avec lui et, naturellement, sans imaginer qu'ensuite, on écrirait des scénarios originaux. Il y avait Connery, il était Bond, aucun contredit n'était imaginable. Alors est arrivé Lazenby et c'est là que mon souvenir m'échappe. Je ne me rappelle pas ma réaction. Le film était bon, il l'est toujours. Aujourd'hui, je ne déteste pas Lazenby, pas du tout. Comme vous le savez, j'aime aussi Craig, et puis tous les autres, sauf le pitre, évidemment, l'imbécile clown sans présence, le plus pénible de tous, le mou, vous savez, ah, comment s'appelle-t-il, déjà ? Ah là là, ça m'échappe...
RépondreSupprimerOui, le film est toujours bon.
SupprimerVous êtes dur avec Roger Moore. Je ne le considère pas comme un très bon James Bond non plus, il a amené le personnage dans des situations et des comportements très éloignés de l'univers de Ian Fleming. Je déteste ce qui a été fait de Live and let die, The man with the golden gun et Moonraker. Pourtant, j'aime beaucoup The spy who loved me et For your eyes only. J'en parlerai le moment venu.