Le lieutenant de police Frédéric Preux, allongé sur le lit, tourna la tête vers celle qui avait prononcé cette phrase. Ils venaient de faire l'amour et il crut que la remarque avait trait à sa façon de procéder. Pourtant, il avait eu l'impression qu'elle ne boudait pas son plaisir".
J'aurais bien aimé rédiger un article positif sur ce Chaud beffroi, l'auteur Emmanuel Sys m'ayant semblé sympathique lorsque je l'ai rencontré au salon du livre de La Bassée. Il m'avait dit qu'il était reconnu pour ses intrigues difficiles à résoudre et dans sa dédicace, il m'invitait à trouver le coupable avant ses enquêteurs. Hélas, à peine au tiers du roman, je m'ennuyais déjà et me contentais de suivre l'histoire passivement au lieu de me creuser les méninges, de chercher les indices entre les lignes.
Yves Frémaux, le candidat UMP à la mairie de Lille aux prochaines élections municipales est victime d'une agression à l'arme à feu en rentrant chez lui un soir. La tentative d'assassinat ayant échoué, les enquêteurs Sylvie Monin et Frédéric Preux sont chargés de retrouver qui en veut à sa vie.
Le style m'a paru daté alors qu'il est paru en 2007. Pire peut-être, certains détails m'ont fait sortir de l'enquête. Par exemple, l'officier de police judiciaire Sylvie Monin qui, au cours de ses investigations est amenée à rechercher toutes les personnes portant le nom de Plouvier à Lille et environs utilise... un annuaire papier. En 2007, les services de police n'ont que l'annuaire pour rechercher une personne ? Et internet ? Et la base de données des personnes fichées ? Ah oui, quelques lignes plus loin, elle y pense. J'ai aussi trouvé plusieurs fois que les dialogues ne faisaient pas naturels. La plupart du temps, les gens ne parlent pas tels que l'auteur les fait dialoguer. Dans un environnement et une enquête qui se veulent réalistes, là aussi, les conversations m'ont fait sortir du livre à plusieurs reprises.
Autre chose qui m'a déplu mais qui ne provient pas de l'intrigue elle-même mais de ce que m'avait dit l'auteur : il m'avait en effet présenté Chaud beffroi comme le premier roman mettant en scène ses deux enquêteurs Frédéric Preux et Sylvie Monin. C'est une des raisons qui m'a poussé à prendre celui-ci plutôt que l'un de ses autres romans. Je m'étais dit que si j'appréciais ce polar, je pourrais suivre l'évolution de Preux et Monin. Or, il s'avère que ces deux personnages apparaissent déjà dans L'affaire Roussel auto édité en 2003 et dans La morte du canal sorti en 2005 chez Ravet-Anceau. L'auteur fait quelques allusions à certains éléments de son précédent polar dans Chaud beffroi. Je ressens toujours un peu de frustration quand un auteur mentionne des éléments d'un précédent ouvrage que je n'ai pas lu. Cela me donne l'impression d'échapper à une "confidence". Alors pourquoi Emmanuel Sys m'a raconté n'importe quoi quant à l'origine de ses héros ? J'ai ma petite idée à ce sujet mais le fait de ne pas avoir commencé par la première apparition de ses personnages alors que je le pensais m'a un peu contrarié.
Curieusement, dans les 4 ou 5 derniers chapitres, l'histoire s'accélère, les situations prennent du relief, les dialogues se font plus incisifs et surtout meilleurs. On sent l'auteur motivé pour révéler au lecteur l'issue de son intrigue ; et je dois dire que si elle ne m'a pas surpris (j'avais envisagé la solution avant qu'elle ne soit donnée), elle a le mérite d'être cohérente et qu'elle est étayée par les preuves distillées au long des pages. Cependant, avec l'accroche en première de couverture - Qui veut la peau du candidat ? - on aurait pu s'attendre à une plongée dans eaux troubles de la politique, ce qui n'est pas le cas.
Curieusement, dans les 4 ou 5 derniers chapitres, l'histoire s'accélère, les situations prennent du relief, les dialogues se font plus incisifs et surtout meilleurs. On sent l'auteur motivé pour révéler au lecteur l'issue de son intrigue ; et je dois dire que si elle ne m'a pas surpris (j'avais envisagé la solution avant qu'elle ne soit donnée), elle a le mérite d'être cohérente et qu'elle est étayée par les preuves distillées au long des pages. Cependant, avec l'accroche en première de couverture - Qui veut la peau du candidat ? - on aurait pu s'attendre à une plongée dans eaux troubles de la politique, ce qui n'est pas le cas.
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