"Douze ans déjà, et le sentiment que j'ai éprouvé, souvent, reste très présent dans mes pensées, comme si il était gravé, à jamais, dans mon ADN.
Mon cerveau est en surchauffe, il s'apprête à exploser. C'est devenu une cocotte-minute, vite, il faut laisser la vapeur s'échapper. Il faut ouvrir la soupape de sécurité. J'ai très, très mal à la tête.
La pression s'est accumulée, tout a grillé là-dedans, c'est le "boxon" total. Les fils qui se touchent, la lumière qui ne fonctionne plus à tous les étages.
Le chaos pour mes proches, l'attente interminable. L'attente d'un signal qui laisserait à penser que tout n'est pas totalement mort, qu'il y a encore un petit frisson de vie qui refuse de basculer dans le côté obscur.
Désormais, la balle est dans le camp des médecins, mais les nouvelles ne sont pas bonnes."
Le 21 janvier 2014, j'ai été victime d'une violente hémorragie cérébrale. Je dois la vie à Stéphanie, ma compagne, qui a compris que je faisais un AVC quand je lui ai dit que je ne sentais plus mon bras gauche. Sans demander mon avis, elle m'a immédiatement conduit aux urgences de l'hôpital qui se trouve à dix minutes de la maison.
Mon cerveau est en surchauffe, il s'apprête à exploser. C'est devenu une cocotte-minute, vite, il faut laisser la vapeur s'échapper. Il faut ouvrir la soupape de sécurité. J'ai très, très mal à la tête.
La pression s'est accumulée, tout a grillé là-dedans, c'est le "boxon" total. Les fils qui se touchent, la lumière qui ne fonctionne plus à tous les étages.
Le chaos pour mes proches, l'attente interminable. L'attente d'un signal qui laisserait à penser que tout n'est pas totalement mort, qu'il y a encore un petit frisson de vie qui refuse de basculer dans le côté obscur.
Désormais, la balle est dans le camp des médecins, mais les nouvelles ne sont pas bonnes."
Le 21 janvier 2014, j'ai été victime d'une violente hémorragie cérébrale. Je dois la vie à Stéphanie, ma compagne, qui a compris que je faisais un AVC quand je lui ai dit que je ne sentais plus mon bras gauche. Sans demander mon avis, elle m'a immédiatement conduit aux urgences de l'hôpital qui se trouve à dix minutes de la maison.
Vingt-cinq jours de coma, plus d'un an de rééducation puis reprise du travail. Parallèlement, quotidiennement, j'enchaîne les séances de kiné au sein d'un cabinet en libéral.
Nombreux sont celles et ceux qui, dans le corps médical et parmi mes proches et moins proches, m'ont affirmé que j'étais un miraculé ou que j'étais passé par une belle porte. Je l'ai échappé belle, oui. Je vois encore cette neurologue du CHRU de Lille, bouche bée pendant deux bonnes secondes après lui avoir expliqué que j'avais repris mon travail depuis plusieurs mois déjà, que les démarches étaient engagées pour revalider mon permis de conduire (et que j'ai depuis obtenu) et que professionnellement, je ne comptais pas rester où j'en étais avant mon accident. J'avais vu ce médecin peu de temps après mon réveil, à un moment où je ne remarchais pas encore et où j'avais de sérieux problèmes de mémoire immédiate.
Nombreux sont celles et ceux qui, dans le corps médical et parmi mes proches et moins proches, m'ont affirmé que j'étais un miraculé ou que j'étais passé par une belle porte. Je l'ai échappé belle, oui. Je vois encore cette neurologue du CHRU de Lille, bouche bée pendant deux bonnes secondes après lui avoir expliqué que j'avais repris mon travail depuis plusieurs mois déjà, que les démarches étaient engagées pour revalider mon permis de conduire (et que j'ai depuis obtenu) et que professionnellement, je ne comptais pas rester où j'en étais avant mon accident. J'avais vu ce médecin peu de temps après mon réveil, à un moment où je ne remarchais pas encore et où j'avais de sérieux problèmes de mémoire immédiate.
Le portrait d'Isabelle Migotto paru dans un article de La voix du Nord m'a forcément interpellé : un AVC à 37 ans en 2000, quinze jours de coma suivis d'une longue période de rééducation. Je l'ai contacté et elle m'a envoyé son dernier livre, Les mots qui soignent.
J'étais curieux de lire ce qu'elle avait pu écrire à propos de cette douloureuse expérience dont on se serait bien passé tous les deux. Je me suis aussi lancé dans la rédaction d'un livre, une rédaction qui traine un peu pour le moment, faute de temps pour m'y consacrer et aussi parce que je me suis aperçu que cela m'obligeait à rester sur ce mauvais passage, alors qu'en réalité mon regard est résolument tourné vers l'avenir.
Les mots qui soignent est un abécédaire. De A comme accident vasculaire cérébral (évidemment) à Y comme Yalla (la devise de sœur Emmanuelle), les mots sont variés et lui permettent d'aborder plusieurs thèmes autour de ce type d'accident. Elle explique ainsi qu'une séquelle qu'elle a eu du mal à admettre est le changement de sa voix. Je trouve cela assez surprenant dans la mesure où je n'ai pas constaté un tel phénomène me concernant et qu'aucun thérapeute ne m'a causé de la possibilité d'une telle séquelle.
Mais je suis surtout surpris qu'elle n'évoque pas le coma. Peut-être en parle t-elle dans ses précédents écrits, son premier livre notamment, La miraculée ? En effet, le coma et la période de réveil qui a suivi sur plusieurs semaines sont certainement ce qui m'intriguent le plus dans cette histoire. En effet, vous n'êtes pas mort mais vous ne savez pas que vous êtes allongé dans un lit d'hôpital 24h/24h. Cependant, quelque chose au fond de vous, dans le cerveau, se rend compte du temps qui passe. J'ai rêvé de Stéphanie face à moi dans la salle de notre maison et qui me suppliait de revenir car sans moi, elle ne s'en sortait pas. J'apercevais derrière elle des piles de linge et des montagnes de cartons. Un vrai bordel !
J'ai aussi "capté" une conversation entre elle et ma sœur Céline, à propos d'une chanson qui nous lie depuis nos débuts ; une conversation dont Stéphanie m'a confirmé l'existence. Mon père m'a aussi dit que j'avais réagi à l'écoute des musiques des James Bond. Une exploration du présent blog vous confirmera la passion que j'ai pour ce personnage depuis mon adolescence.
Les mots qui soignent raconte surtout les difficultés que rencontrent les victimes d'un tel accident pour reprendre leur place au sein de la société. C'est un véritable parcours du combattant. Par exemple, puisqu'il faut revalider son permis de conduire, Isabelle Migotto évoque les problèmes de prise en charge des transports. Oui, je connais. J'ai pu revalider mon permis de conduire mais ayant maintenant besoin d'un aménagement assez coûteux (boîte automatique et boule-télécommande au volant), il faut attendre de trop longs mois pour obtenir le financement. L'administration...
Loin de se plaindre, les mots d'Isabelle Migotto témoignent de sa volonté et de son esprit positif. Avait-elle le même état d'esprit avant ? C'est assez intéressant car avant mes soucis, je dois reconnaitre que je n'étais pas l'être le plus positif du monde et aujourd'hui, je fais en sorte de savourer au mieux tous les meilleurs instants de la vie avec ma famille et mes amis. Il convient donc d'éloigner les cons.
Cependant, je ne partage pas son avis sur les suites après la sortie de Intouchables. Oui, le film est touchant mais je ne pense pas qu'une prise de conscience a véritablement eu lieu à propos de la place des personnes atteintes d'un handicap, dans la société.
Battez-vous et allez au delà de vos limites. Le jeu en vaut la chandelle.
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