"Les super-héros, un phénomène typiquement américain". Voilà, en substance, la réflexion que je me faisais à propos de ces héros, pour la plupart costumés et dotés de pouvoirs surhumains. Je mettais cela sur le fait que les États-Unis sont un pays plutôt jeune en comparaison de ceux de l'Europe qui ont un passé de plusieurs millénaires. Ainsi, je considérais que l'Europe avait ses "super-héros" depuis bien longtemps, les dieux et demi dieux de l'Antiquité ou des figures héroïques telles que Ulysse ou Achille. Nul besoin donc, pour nous, de nous créer des super-héros dans lesquels nous projetterions nos sentiments, nos envies, nos frustrations même, car ils existent depuis très longtemps et ont imprégné notre culture.
En vérité, j'avais tout faux. En effet, avec son passionnant Super-héros - Une histoire française, Xavier Fournier prouve le contraire. Il existe de nombreux personnages costumés et masqués dans la culture populaire française. Je n'en connaissais que l'amusante parodie de Gotlib, Superdupont, également évoqué dans le présent livre mais il m'a aussi remis en mémoire un autre héros parodique qui sévissait dans les pages de Pif Gadget : Supermatou de Jean-Claude Poirier.
On apprend également que de véritables personnages masqués sont apparus dans le Paris du XIXème siècle notamment cette amazone masquée qui a fait l'objet de plusieurs articles dans les journaux de l'époque et qui a visiblement inspiré des copieuses.
Xavier Fournier fait remonter l'origine de ces super-héros français à des personnages très connus comme Jean Valjan chez Victor Hugo et le Comte de Monte-Cristo d'Alexandra Dumas. Par leur force surprenante et leurs identités multiples, ils sont, du point de vue de l'auteur, un peu les prototypes des super-héros tricolores. Ce rapprochement peut faire l'objet de critiques, d'objections et même prêter à rire mais après tout pourquoi pas ? C'est aussi un peu ce que fait Umberto Eco dans Il superuomo di massa (De Superman au surhomme). Xavier Fournier le mentionne d'ailleurs comme référence dans les premières pages de son livre.
En fait, longtemps, les histoires de super-héros ont été très mal vues et ont du pendant plusieurs décennies jouer avec la censure afin de la contourner : censure religieuse et censure morale. Les super-héros étaient accusés de pervertir l'esprit des enfants. De plus, il n'était pas question de se laisser envahir par des personnages étrangers (les Etats-Unis en vérité) et aux pouvoirs surnaturels. C'est ainsi que sont apparus en 1939 les exploits dessinés de deux super-héros, Yordi et Marc l'Hercule moderne, le premier dans le magazine Aventures et le second dans Spirou et qui ne sont en réalité... que des adaptations francisées d'un comic 100% américain puisque ce n'est autre que Superman.
Abondamment illustré, Xavier Fournier a rempli un travail de fourmi. De Fantax à Photonik en passant par Ladybird et bien d'autres, la liste de tous ces personnages est plutôt longue. C'en est même surprenant et ils n'ont rien à envier aux super-héros américains. Jusqu'à aujourd'hui, la création et la publication de super-héros imaginés par des français continuent. S'ils n'ont plus l'obligation de déjouer la censure, c'est face à un risque d'uniformisation avec les personnages américains qui ont envahi notre quotidien auxquels ils sont confrontés. Ces personnages souffrent également d'un déficit évident de popularité face aux américains, ceux de Marvel et DC Comics. Il est d'ailleurs presque comique de voir à quel point un pan entier de la créativité hexagonale a été brimée pendant tout ce temps au nom de la moralité et d'un antiaméricanisme primaire pour constater que les super-héros américains ont pris le pouvoir depuis une vingtaine d'années.
Le livre se conclut sur un chapitre consacré aux super-héros du réel, des hommes et des femmes qui se regroupent et apparaissent masqués dans plusieurs villes françaises dans le but d'apporter leur aide aux plus démunis. Un phénomène surprenant dont j'ignorais l'existence.
Adolescent, je dessinais et j'écrivais beaucoup. J'avais créé un personnage aux pouvoirs surhumains que j'avais baptisé l'Homme Proton. Il s'agissait d'un volontaire pendant la seconde guerre mondiale pour une expérience élaborée par un scientifique lié à des réseaux de résistants. L'expérience avait pour but de créer des supers soldats qui combattraient l'armée allemande. Hélas, alors qu'il était installé dans la machine pour être transformé en super soldat, celle-ci explosait et le scientifique mourrait dans l'explosion, emportant avec lui ses secrets de fabrication des supers soldats. Le volontaire avait juste eu le temps de se voir doté de supers pouvoirs lui permettant de survivre à l'explosion. Parallèlement, l'Allemagne nazi mettait elle aussi au point sa machine à créer des supers soldats mais aucune explosion ne venait avorter le projet. Ainsi, l'Homme Proton se retrouvait seul pour combattre les supers soldats allemands.
A l'époque, j'ignorais l'existence de Captain America. J'avais pourtant, sans m'en apercevoir, élaboré une copie française de ce personnage en inventant un super-héros français.
On apprend également que de véritables personnages masqués sont apparus dans le Paris du XIXème siècle notamment cette amazone masquée qui a fait l'objet de plusieurs articles dans les journaux de l'époque et qui a visiblement inspiré des copieuses.
Xavier Fournier fait remonter l'origine de ces super-héros français à des personnages très connus comme Jean Valjan chez Victor Hugo et le Comte de Monte-Cristo d'Alexandra Dumas. Par leur force surprenante et leurs identités multiples, ils sont, du point de vue de l'auteur, un peu les prototypes des super-héros tricolores. Ce rapprochement peut faire l'objet de critiques, d'objections et même prêter à rire mais après tout pourquoi pas ? C'est aussi un peu ce que fait Umberto Eco dans Il superuomo di massa (De Superman au surhomme). Xavier Fournier le mentionne d'ailleurs comme référence dans les premières pages de son livre.
En fait, longtemps, les histoires de super-héros ont été très mal vues et ont du pendant plusieurs décennies jouer avec la censure afin de la contourner : censure religieuse et censure morale. Les super-héros étaient accusés de pervertir l'esprit des enfants. De plus, il n'était pas question de se laisser envahir par des personnages étrangers (les Etats-Unis en vérité) et aux pouvoirs surnaturels. C'est ainsi que sont apparus en 1939 les exploits dessinés de deux super-héros, Yordi et Marc l'Hercule moderne, le premier dans le magazine Aventures et le second dans Spirou et qui ne sont en réalité... que des adaptations francisées d'un comic 100% américain puisque ce n'est autre que Superman.
Abondamment illustré, Xavier Fournier a rempli un travail de fourmi. De Fantax à Photonik en passant par Ladybird et bien d'autres, la liste de tous ces personnages est plutôt longue. C'en est même surprenant et ils n'ont rien à envier aux super-héros américains. Jusqu'à aujourd'hui, la création et la publication de super-héros imaginés par des français continuent. S'ils n'ont plus l'obligation de déjouer la censure, c'est face à un risque d'uniformisation avec les personnages américains qui ont envahi notre quotidien auxquels ils sont confrontés. Ces personnages souffrent également d'un déficit évident de popularité face aux américains, ceux de Marvel et DC Comics. Il est d'ailleurs presque comique de voir à quel point un pan entier de la créativité hexagonale a été brimée pendant tout ce temps au nom de la moralité et d'un antiaméricanisme primaire pour constater que les super-héros américains ont pris le pouvoir depuis une vingtaine d'années.
Le livre se conclut sur un chapitre consacré aux super-héros du réel, des hommes et des femmes qui se regroupent et apparaissent masqués dans plusieurs villes françaises dans le but d'apporter leur aide aux plus démunis. Un phénomène surprenant dont j'ignorais l'existence.
Adolescent, je dessinais et j'écrivais beaucoup. J'avais créé un personnage aux pouvoirs surhumains que j'avais baptisé l'Homme Proton. Il s'agissait d'un volontaire pendant la seconde guerre mondiale pour une expérience élaborée par un scientifique lié à des réseaux de résistants. L'expérience avait pour but de créer des supers soldats qui combattraient l'armée allemande. Hélas, alors qu'il était installé dans la machine pour être transformé en super soldat, celle-ci explosait et le scientifique mourrait dans l'explosion, emportant avec lui ses secrets de fabrication des supers soldats. Le volontaire avait juste eu le temps de se voir doté de supers pouvoirs lui permettant de survivre à l'explosion. Parallèlement, l'Allemagne nazi mettait elle aussi au point sa machine à créer des supers soldats mais aucune explosion ne venait avorter le projet. Ainsi, l'Homme Proton se retrouvait seul pour combattre les supers soldats allemands.
A l'époque, j'ignorais l'existence de Captain America. J'avais pourtant, sans m'en apercevoir, élaboré une copie française de ce personnage en inventant un super-héros français.
Commentaires
Enregistrer un commentaire