A la fin des années 90 jusqu'au milieu des années 2000, il y a eu un véritable engouement en Europe pour le cinéma asiatique. Je veux dire un réel intérêt et une distribution conséquente pour des films autres que l'éternel Bruce Lee, les pitreries de Jackie Chan ou les resucées de Godzilla. Tous les genres du cinéma en provenance d'Asie devenaient nettement plus accessibles : films d'auteurs, dessins-animés, polars, science-fiction, horreur, épouvante, etc. Le pire et le meilleur. Aujourd'hui, il semble que l'enthousiasme soit passé, en tout cas il semble moins importé dans les salles. Il y a bien des sorties régulières en DVD et Blu-ray mais là aussi, ce n'est plus aussi important. La crise ?
De cette période, j'en retiens ceux qui m'ont évidemment le plus impressionné, deux coréens et trois japonais : Oldboy (Old Boy), Gwoemul (The host), Batoru rowaiaru (Battle Royale), Zatoichi (Zatoichi) et Sen to Chihiro no Kamikakushi (Le voyage de Chihiro) dont il est question ici. Bien sûr, cette petite liste est purement subjective, d'autres et certainement des plus pointus que moi en cinéma asiatique citeraient d'autres titres tant le cinéma asiatique est riche.
C'est toujours avec une certaine appréhension que je revois un film qui m'a touché au delà de ce que je ressens généralement. Ces films-là sont rares et il convient de ne pas les voir trop souvent au risque de ne plus en apprécier le goût. Je suis loin d'être le seul à avoir été touché par Le voyage de Chihiro, sa poésie, sa beauté, son étrangeté.
Chihiro est une jeune fille qui est sur le point d’emménager avec ses parents dans une nouvelle maison loin de la précédente et qui se lamente dans la voiture de ce changement. Son père qui conduit se trompe de route et la voiture se retrouve devant un bâtiment rouge où derrière un long tunnel, une immense plaine les mène à une ville vide de toute population. Ils s'arrêteront devant un restaurant où sont disposés des plats. Les parents se mettent à manger goulûment tandis que Chihiro, inquiète, s'éloigne. Un jeune garçon fait son apparition et lui dit qu'il faut qu'elle quitte la ville avant la tombée de la nuit. Effrayée, la jeune fille rejoint ses parents qui mangent encore mais sont transformés... en cochons ! Trop tard, la nuit tombe, des fantômes apparaissent et un bateau débarque une foule d'êtres tous plus insolites les uns des autres.
On doit à Hayao Miyazaki un certain nombre de longs métrages d'animation parmi les plus beaux au monde. Carrément. Et Le voyage de Chihiro est de mon point de vue ce qu'il a fait de mieux. Après l'avoir admirer sur grand écran en 2002 puis en DVD quelques mois plus tard, le joli coffret collector en bois laqué (avec un jeu de cartes !) a ensuite peu à peu pris la poussière au milieu des autres films. Puis je l'ai ressorti et ce fut à nouveau un grand bonheur.
On peut se contenter de suivre Chihiro dans cet univers à la fois magique et drôle mais aussi inquiétant et sombre, un peu comme on suit Alice au pays des merveilles. C'est en quelque sorte Chihiro aux pays des fantômes et des esprits. Mais Miyazaki offre plusieurs niveaux de lecture et d'interprétation. Ce voyage qu'effectue la petite fille est celui du passage de l'enfance à l'adolescence, ce qui implique la fin d'une forme de naïveté. C'est là le thème principal de l'oeuvre et Miyazaki en livre une illustration riche de symboles et de métaphores parfois un peu ardus à saisir d'autant plus que la culture japonaise n'est pas des plus répandues chez nous.
J'ai appris que le British Film Institute avait établi une liste des 50 films à voir avant d'avoir 14 ans créée par des professionnels du cinéma, des critiques et des enseignants qui devaient lister 10 films incontournables pour le jeune public. Le voyage de Chihiro a été le plus cité.
Un chef-d'oeuvre.
Commentaires
Enregistrer un commentaire